Il a fallu quelques instants, ceux d'une avalanche inachevée, pour que le bonheur de Tomas et Ebba se fissure.Tout pourtant semble leur réussir: dentition parfaite (résultat d'un brossage chronométré ), corps sveltes, belles gueules, progéniture à croquer, du moins quand elle dort... Chacun tient parfaitement son rôle . Mais la perspective d'un ensevelissement a suffi à réveiller les instincts les plus primitifs et à faire perdre le contrôle à Tomas/Ken, censé être le viril pilier de cette famille idéale. Ruben Östlund filme les soubresauts du couple suédois avec beaucoup de subtilité: il suggère l'imminence de la crise en montrant Tomas écourtant rageusement son brossage de dents, la solitude extrême d' Ebba lorsqu'elle regarde pensivement dans le vide du haut de son télésiège immobilisé, dans un silence blanc assourdissant, le désarroi des enfants rois , entre glapissements et trépignements. J'aurais aimé qu'il s'attaque aussi aux clichés auxquels se réfèrent tous les personnages du film: la mère au foyer surprotectrice et aimante et le père chevaleresque,se donnant corps et âme à son travail. A la fin du film, un semblant d'ordre est rétabli, mais cette famille lisse,
fade et asexuée donne un peu la nausée.