Lutte des classes de neige
Curtis est cheminot pour la SNCF depuis 18 ans. Harassé par les méthodes du patronat, celui-ci prend la décision de faire la gréve avec le soutien de son syndicat. Dès les premiers affrontements brouillons avec les forces de l'ordre, l'homme se rend vite compte qu'il va devoir faire des sacrifices importants pour arriver à faire nettoyer les vestiaires insalubres du local de maintenance. Après de longues heures de lutte au ralenti ponctuées de métaphores marxistes et de supers plans de désolation enneigée, Curtis se retrouve seul sans d'autre soutien que celui du mec chelou qui s'est engagé dans la lutte ouvrière uniquement pour choper de la beuh. Ces cosmopolites camarades ayant malheureusement été mutés dans d'autres services grâce au brillant travail d'une inspectrice du travail zélée à la solde du grand capital.
Galvanisé par son parcours, il n'en faut pas plus pour que Curtis se déclare leader révolutionnaire malgré une absence totale de partisans. Lors d'une assemblée générale, le président de la SNCF (John Malkovich dans son meilleur rôle) dévoile à Curtis que lui et Bernard Thibault ont travaillé main dans la main pour tester une nouvelle méthode d'immersion pour les entretiens d'embauche. Deux minutes après qu'il ait accepté les responsabilités du poste, les parts de l'entreprise s'effondrent provoquant la faillite immédiate de la plus importante entreprise de transports d'Europe. Cette méthode d'embauche sera immédiatement interdite par le ministère du travail et la cour européenne des droits de l'homme.
Un brûlant brûlot politique qui ose dénoncer sur des sujets qui fâchent. Un film coup de poing, violent, graphique, pessimiste, coloré, polyglotte et claustrophobe. La fin la plus punk de l'année qui nous renvoie aux meilleures heures de la BD SF des années 70. Mais aussi à ses pires.