Un film sur un train, vu par un vrai cheminot (donc Meilleure Critique Jamais)
Le réalisateur coréen Bong Joon-Ho, revient avec un film où un train est le dernier espoir de l'humanité. Qui donc de mieux placé qu'un agent SNCF (et je n'accepte aucune réclamation quant à un éventuel train supprimé ou retardé, non mais !) pour faire la critique de SnowPiercer, le TransperceNeige ? Alliant le savoir cinématographique coréen au jeu d'acteur américain, il n'y a plus qu'à espérer que ce film n'ait pas un train de retard !
Inspiré de la bande-dessinée française de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette Le TransperceNeige, SnowPiercer nous narre l'histoire du dernier refuge de l'humanité suite à une nouvelle ère glacière dans un futur proche, causée par l'Homme. Nous sommes en 2031, et seuls quelques centaines d'humains et espèces animales ont pu survivre au cataclysme en pénétrant tant bien que mal dans une Arche de Noé d'un nouveau type : un train de haute-technologie condamné à errer indéfiniment autour d'une Terre devenue glaciale, où il est impossible de survivre plus de cinq minutes. On découvre qu'à chaque wagon correspond une classe sociale de plus en plus élevée, les pauvres étant confinés dans la crasse et la maladie des dernières voitures tandis que les plus riches vivent confortablement dans les wagons les plus proches de la locomotive. Le but de Curtis, meneur désigné des taudis du train, est de créer une imparable révolte des pauvres afin de prendre le contrôle du train et d'atteindre la machine de tête pour mettre à mort Wilford, créateur du TransperceNeige et responsable de ce classement social. Curtis et sa bande de volontaires vont donc faire tout ce qui est en leur pouvoir pour remonter à la locomotive en traversant wagon par wagon l'Arche métallique.
Vu comme ça, on est en droit de s'attendre à une histoire très manichéenne mais ne vous en faites pas, SnowPiercer vous réserve son lot de surprises scénaristiques et saura avec brio vous perturber quant à votre jugement du bien et du mal. Sauf si vous êtes un bon gros anarchiste fermé d'esprit, mais passons. Suivre la remontée de Curtis jusqu'à la locomotive nous permet de découvrir peu à peu quelles surprises renferment chaque wagon, et on a autant hâte que lui de voir à quoi ressemblent les voitures de la haute-société et surtout qui est ce trou-du-cul de Wilford. Il faut dire que Chris Evans joue vraiment bien, d'autant plus qu'on s'est plutôt habitué à le voir dans des rôles de beau gosse ou de Super-Héros (Les 4 Fantastiques, Captain America...). Une bonne surprise, à l'image de celle renvoyée par Orlando Bloom dans Zulu qui interprêtait un homme débauché et "jemenfoutiste", loin de ses rôles dans Le Seigneur des Anneaux ou Pirates des Caraïbes. C'est dans ces moments-là que l'on reconnaît de bons acteurs, vous n'êtes pas d'accord ? Toujours est-il que l'on s'attend à voir des choses de plus en plus belles à chaque nouveau wagon que l'on découvre, mais vous verrez au final que les wagons des riches ne valent pas mieux que ceux des pauvres, et vous provoqueront des sentiments de mal-êtres tant ils sont glauques, malsains.
Si l'aventure de SnowPiercer est une grande ligne droite dans la forme, son fond est tout autre puisque la ligne qui définit le bien et le mal tend à se briser au fur et à mesure de l'avancée du groupe de Curtis, nous faisant nous interroger au final sur l'utilité ou non d'avoir réparti les survivants du train en classes sociales... Un bon film quoiqu'il en soit, même si personnellement je trouve que la dernière minute du film gâche un peu l'ensemble de ce qui a été fait avant. Mais bon à part ça, je vous le conseille fortement, surtout si vous êtes un adepte des huit-clos angoissants non pas parce qu'ils font peur, mais parce qu'ils mettent mal à l'aise !