Avant toute chose, je tiens à préciser que je ne connaissais pas du tout la BD avant de voir le film. Mon avis ne prend donc pas en compte la fidélité que celui ci peut avoir par rapport à l’œuvre originale.
Depuis une quinzaine d’années, la Terre est devenue un immense glaçon inhabitable. Les derniers survivants de l’humanité ont pris place dans un immense train qui roule perpétuellement autour du monde. A l’intérieur, un système de castes s’est créé. C’est en partant du dernier wagon où la survie est plus que rudimentaire qu’un groupe va tenter de rejoindre la locomotive pour mettre fin à ce totalitarisme effrayant.
Par son synopsis, Le Transperceneige me fait beaucoup penser à Elysium. Les deux films mettent en avant un homme prêt à tout pour rejoindre un eldorado inconnu où vit reclus la dernière classe aisée de l’humanité.
Mais là où Neill Blomkamp s’est tourné vers l’action, Bong Joon Ho réussit à trouver le compromis parfait pour que le message du film ne perde jamais de son sens. Il est vrai que l’espace fermé du train empêche de se disperser mais sa symbolique en est d’autant plus forte.
Après un début un peu long, l’odyssée du Transperceneige parvient à monter en gamme au fur et à mesure de la progression des personnages. Chaque wagon propose une atmosphère, des décors complétement différents qui renouvellent la mise en scène et les possibilités offertes. Comme dans Cube, un wagon est un nouveau piège. Contrairement au schéma classique, les premiers rôles ne sont pas épargnés par des morts aussi soudaines qu’inattendues.
Le rythme est parfaitement dosé même si l’ultra violence de certaines scènes d’action est tout à fait discutable. Un parti-pris d’autant plus étonnant qu’une fois de plus, la caméra au poing rend les combats complétement illisibles.
Je me demande également comment le réalisateur a pu laisser passer de petites incohérences flagrantes dans la mise en scène. Pour que les individus ne parlant pas la même langue puissent se comprendre, il existe un système de traduction instantané à tenir sous sa bouche mais ceux ci disparaissent aussi vite qu’ils sont arrivés dans un même dialogue ! De plus, la précision des Uzi à longue distance est totalement abusée mais heureusement, ce genre de détails sont rares et finalement peu importants (oui, je suis un gros chipoteur).
Mais c’est bien le message que délivre le film qui fait tout de suite la différence. Au delà de la lutte des classes, on se demande jusqu’où l’homme est prêt à aller pour survivre. L’idée de "mal nécessaire" prend tout son sens lorsque l’on rencontre ce fameux Wilford joué par l’immense Ed Harris. Il y a aussi la scène de l’école lorsque nous assistons à l’endoctrinement des gamins dans une ambiance joyeuse et coloré ! Elysium n’avait pas eu le courage de pousser sa réflexion jusqu’au bout. Dommage que la scène finale soit sans intérêt.
L’hommage à la BD semble avoir été fait dans la caricature des personnages aux traits exagérés et aux costumes hauts en couleurs. Pareil pour les images qui montrent le monde extérieur avec un air de cell-shading. En tout cas, la cohérence et l’homogénéité des images sont bien là.
Le casting international du Transperceneige laisse place à de bons spécimens comme Jamie Bell, Tilda Swinton, John Hurt et dans une moindre mesure Chris Evans dont je garde de biens mauvais souvenirs dans Captain America ! Pas de commentaire sur Song Kang-Ho que je ne connaissais pas du tout. Ma méconnaissance du cinéma asiatique est ici flagrante.
Bonne pioche en cette fin d’année 2013 avec enfin un film d’action qui permet de se poser des questions. Le réalisateur coréen a trouvé la parade pour ravir un public international à l’aide d’un sujet qui parle à tous, idem pour ce melting pot d’acteurs qui en ravira plus d’un; le tout très bien filmé (sauf les combats). Le Transperceneige est comme ces trains blindés soviétiques, ça sent le froid et la peur comme la tentative de révolution du dernier wagon. Brrrrr !
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