Le film qui révéla De Palma et en fit un réalisateur à suivre est encore aujourd'hui un petit thriller inventif amusant à parcourir. Véritable brouillon, mais pour autant déjà maîtrisé, de ce que seront par la suite les oeuvres phares du cinéaste, Sisters se fait avant tout l'écho d'un hommage à Hitchcock, une influence évidente de son cinéma. Clin d'oeil notamment à Fenêtre sur cour dans sa première partie, mais également à psychose dans son ensemble, à travers cette histoire faite d'âmes psychologiquement perturbées. Mais la force de De Palma, lorsque ce dernier évoque l'une de ses influences, est qu'il se l'approprie totalement.

Ainsi, déjà dans Sisters, on pouvait apprécier le gimmick visuel naissant du cinéaste. Malin la plupart du temps, souvent utile à l'intrigue, il est moteur de l'action et de la caractérisation des personnages. Du split screen qui permet d'avoir deux points de vue simultanés d'une séquence à l’étalage visuel parfois malsain nécessaire au développement de son principal coupable, on sent dans Sisters une véritable envie de se démarquer, de trouver sa voie visuelle. Toute la première partie du film navigue vers cet objectif graphique assumé : en découle un spectacle on ne peut plus convainquant.

Hélas, dès que De Palma quitte les appartement où a eu lieu le crime, le film s'enlise quelque peu dans des maladresses d'écriture. Comment notre reporter si aguerrie décide d'aller se jeter dans la gueule du loup en prétextant un coup de fil à passer, on se le demande encore à la fin de la bobine. On ne lui en veut pourtant pas trop, sa stupidité donne en effet lieu à une jolie confrontation finale avec son bourreau hypnotiseur. Mais on se sent tout de même un peu moins impliqué lorsque le dernier acte se termine, plus du tout lors des 5 dernières minutes, un peu accessoires à mon avis.

Hésitant donc, un peu maladroit lors de son sprint final, Sisters n'en reste pas moins un film important dans l'oeuvre de De Palma. Inventif en diable, bercé par une bande son pas très subtile, mais entraînante, et bien entendu porté par un sens de l'esthétique déjà très marqué, le premier succès de celui qui s'imposera par la suite comme l'un des plus talentueux réalisateurs du Nouvel Hollywood, avait déjà de quoi joliment convaincre.
oso
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le 6 mars 2014

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