Film fondateur du Brian De Palma que l'on connaît, paraît-il - je n'en sais rien puisque je n'ai pas vu les précédents -, Soeurs de Sang joue effectivement avec les codes de son maître, Alfred Hitchcock, à commencer par la bande-son composée par l'attitré du Sir : Bernard Hermann...


On se retrouve d'ailleurs tout de suite dans l'ambiance : le morceau d'ouverture accompagnant le, puis les deux foetus fait froid dans le dos. Et c'est de Fenêtre sur Cour et de son voyeurisme que ce thriller semble le plus directement inspiré, et pas qu'à moitié puisque la première scène nous présente une émission télé : "Le Jeu du Voyeur". Dans un vestiaire, un homme de couleur noire y mate à son insu une jeune aveugle extrêmement bien roulée se déshabillant devant lui. Et pour se moquer de l'aspect caricatural/raciste de ce genre d'émissions, le réalisateur fait gagner à cet afro-américain un dîner pour deux dans un club... afro-américain. Danielle Breton (Margot Kidder - petite amie du réalisateur), le jeune mannequin faussement aveugle, gagnera quant à elle un jeu de couteaux et se proposera de l'accompagner dans ce club. Une autre surprise nous attend là-bas : l'ex-mari (un flippant William Finley) de la jeune femme les a suivis. Mais il ne l'empêchera pas d'emballer la belle. Et nous découvrirons la cicatrice sur l'une des hanches de Danielle, marque évidente de sa gémellité siamoise. Allez, j'arrête de spoiler le début, même si comme d'hab le synopsis SC en dit déjà trop, mais c'est aussi ça qu'on aime chez De Palma, tous ces rebondissements et ces surprises (j'exclus la cicatrice, on n'en attendait pas moins).


La suite fera plutôt dans le suspense, avec des meurtres spectaculaires à la teinte d'un sang vermillon très kitsch et aux notes formidablement grandiloquentes d'Hermann, pas mal d'humour noir (le canapé, le gâteau décoré pendant trois plombes) ou incolore (les fous de la clinique), un documentaire et un cauchemar en noir et blanc assez géniaux, du sexe donc, de la possessivité, de la schizophrénie, de l'hypnotisme aussi, une journaliste anti-flics sans bonnes manières (Jennifer Salt - qui héberge le réalisateur à cette époque) et un inspecteur à la ramasse, un étrange conducteur, une fin en dénouements multiples et, bien sûr, la caméra créative d'un réalisateur usant à merveille du split-screen et des jeux de lumière (la croix au cou de Danielle).


Les principaux ingrédients De Palmesques, comme les défauts, font donc bel et bien partie de ce film qui le fera connaître. En fait, dans sa psychologie, Soeurs de Sang m'a surtout fait penser à son futur Pulsions, en moins prévisible et en moins virtuose - mais en même temps, c'est pas le même budget.


Les débuts d'un univers too much, mais tellement sincère, et tellement amoureux du cinéma et de son public.

RimbaudWarrior
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le 25 févr. 2016

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RimbaudWarrior

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