Tenez bon, ce film en vaut la peine !

S’il fallait ne retenir qu’une chose pour quelqu’un qui aurait envie de voir ce film : tenez bon, cela en vaut la peine ! En effet, ce film ne brille pas par son intensité pendant les 45 premières minutes. Durant cette première session, j’avais terriblement envie de lâcher l’affaire tellement le rythme était lent, l’histoire statique, l’ambiance légèrement datée et les dialogues peu intéressants (rétrospectivement par contre, ils le sont !). Pourtant, le générique en introduction sur la musique envoutante de Bach (Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ (BWV 639)) et les premières images démontrent déjà la réalisation quasi-parfaite de Tarkovski, mais la machine est longue à démarrer au niveau de l’intérêt pour l’histoire (fusée au Diesel ?). En revanche, dès que notre spationaute soviétique pose le pied sur la station spatiale (et après, je dois l’avouer une petite pause/sieste de 20 minutes car c’était juste après manger), le film décolle vraiment. Je n’ai pas du tout envie de rentrer dans les détails mais j’ai vraiment été conquis par l’humanisme (au sens de la prise en compte de l’humain) dans le traitement de cette histoire de science fiction. On a souvent comparé ce film à 2001 de Kubrick car ce sont tous les deux des films de SF, mais la comparaison s’arrête là. Là où 2001 est froid, distant et impersonnel (ce qui fait une grande partie de sa force) pour ensuite progressivement shifter sur des interrogations humaines (énoncées par une machine, le comble !), Solaris plonge sans retenue dans l’aspect humain des relations et s’en sert comme base pour tout un ensemble de réflexions. La réalisation est quasi-parfaite (pour le coup, la comparaison avec Kubrick est pertinente), l’ambiance sonore est excellente (de vrais silences, un bruit de fond dont la tonalité se fond dans le thème de Bach…), les décors, bien qu'assez pauvres pour l’époque, ont le mérite de ne pas interférer avec le récit (un décors trop impressionnant attire énormément l'attention du spectateur), et il faut noter le jeu incroyable des acteurs qui sont très loin d’en mettre plein la vue, mais qui réalise une vraie performance et vivent leurs rôles. La relation tout à fait singulière entre les deux protagonistes est vraiment bouleversante pour peu que l’on supporte des dialogues longs et denses en informations avec peu d’action. Le film est lent, presque très lent, Tarkovski prend son temps dans chaque scène pour proposer une esthétique et une ambiance vraiment attachante au risque de perdre quelques spectateurs en cours de route car le film dure quand même plus de 2h (166 minutes c’est quand même vachement long). Bref, très loin d’être un vulgaire trip sous LSD pour « faire de l’art », une superbe œuvre de SF qui propose une réelle réflexion sur l’Homme, sa relation au souvenir, une œuvre véritablement poétique !


               **************************************************

J’ai aimé :
- Le jeu d’acteur
- La musique et l’ambiance sonore
- Le concept intéressant de l’histoire (ce Varech me fait penser à celui de Frank Herbert dans le Programme conscience ou au Schèmes Mystifs d'Alastair Reynolds)
- la réalisation quasi-parfaite
- l’esthétique visuelle globale qui me correspond bien
- les thèmes abordés avec une grande sensibilité et un vrai humanisme
- le souvenir que laisse ce film est indicible, tan d'évocations me reviennent jour après jours...


Je n’ai pas aimé :
- la première partie qui se déroule sur Terre, vraiment trop pauvre, trop lente avec des scènes pas lisibles voir ratées
- quelques longueurs et un film assez long quand même
- les décors pas au top

Créée

le 15 août 2014

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5 j'aime

B-tove

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