Le sujet de l'épuisement de la planète par l'homme est un thème puissant, pourtant rare au cinéma. Les migrations de population, les pénuries, l'élite jouissant de mets et de confort, aux côtés d'un peuple miséreu, désemparé, destiné au maleur, le cinéma aime le situer pendant la guerre. Ou chez les zombies.
La guerre, ce bloc subi, issu de circonstances plutôt que de volontés, d'une poigné contre l'intérêt de tous.
Position de spectateur confortable, puisque nous aurions tous été résistants, du bon côté du mur. Forcément.
Soylent Green (et son étrange traduction) voit ses comédiens s'amerveiller devant un poireau, une feuille de papier, de la confiture de fraise. Dire qu'un jour cela aura disparu, mis en images. Les escaliers de la piole du policier – qui mène l'enquête ici sur une disparition suspicieuse – sont tellement bondés de gens assoupis qu'ils semblent impossibles à descendre. Lorsqu'une douche chaude lui ai proposé, l'appel est presque érotique.
Loin de se satisfaire de cet émerveillement des choses simples, le film plonge dans les entrailles de cette société post consumériste. Que restera-il, quand il ne restera plus rien ? Ce soylent, donc, galette molle rouge, jaune ou, la nouvelle, verte. Rationnée, bien entendu. Et les révoltes éparpillées par les forces de l'ordre, et les être humains considérés comme des meubles (des ressources, ils disent dans nos bureaux).
Le cinéma n'aime pas ce thème car il est grinçant, sinistre, et terrible pour le spectateur. Car il en est l'artisan, le créateur. Il le met du mauvais côté du mur. Drôle de divertissement.
Un peu comme les personnages de 1984 ou d'Épépé, nous sommes prisonniers et responsables de notre servitude. Le sommes-nous ?
Terrible sensation. Tenu dans des décors verdâtres, d'une grande tristesse, d'un croc fugasse dans le bonheur, de femmes fatales objet, mais sauvé par l'amitié entre deux copains, et les rêves du vieu monde de l'ainé dont les souvenirs hantent les journées grises du cadet.
Les climatosceptiques passent-ils bientôt au recyclage ?