Anticipation et Science-Fiction sont des genres qui ont donné naissance à de grands films. Soleil Vert est un modèle du genre. A la fin des années 1960 et au début des années 1970, de nouvelles préoccupations se soulèvent au sein de la société. Population à la croissance galopante, ressources limitées, protection de la planète, des mouvements émergent et mettent en lumière des problématiques politiques et sociales aujourd’hui bien présentes dans les débats. Soleil Vert s’inscrit en plein dans cette mouvance.


En écho aux mouvements de crainte qui se manifestent à propos de l’avenir de la planète, Soleil Vert dépeint un tableau des plus alarmants. Dans des villes surpeuplées et miséreuses, la population s’agglutine et subsiste tant bien que mal en se nourrissant de produits de synthèse qui leur sont distribués par de grandes firmes qui produisent ces aliments. Ce monde, exacerbant volontairement les risques auxquels est confronté l’Homme, est dépourvu de toute morale, et le lien social entre les hommes est presque totalement rompu, réduisant la civilisation à un macrocosme hostile et primaire.


Comme beaucoup de films d’époque, Soleil Vert adopte un mouvement assez lent et va à l’essentiel. L’objectif n’est pas d’impressionner le spectateur avec des scènes de destruction spectaculaires, mais de créer une atmosphère oppressante qui dérange le spectateur et le fait plus penser avec le cerveau qu’avec les yeux. Cet aspect très « cru » qu’adopte Soleil Vert sert son message avec brio en ne le détournant jamais de son propos volontairement alarmiste.


Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Soleil Vert ne sert pas un propos écologiste mais met en lumière les dangers de la surpopulation poussée à l’extrême dans un discours quasi-malthusien. L’Homme, créateur de la société de consommation dans laquelle il est bien installé à l’époque où sort ce film, devient un esclave et l’objet de sa propre industrialisation dans ce futur cauchemardesque. Film de science fiction sombre et sobre, exempté d’effets spéciaux grandiloquents, Soleil Vert est engagé et tient son propos de bout en bout avec une belle maîtrise et une fin marquante.

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le 18 oct. 2016

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