Quelque part dans le temps bergsonien
Si Sofia Coppola était déjà une auteur à part de part ses œuvres précédentes, ici elle se déconnecte complètement des productions formatées actuelles et signe son film son film le plus hardcore.
Ainsi le spectateur pourra faire l'expérience de l'ennui, de la lenteur et du temps qui passe. Toutes les scènes sont donc très longues, souvent dénuées de dialogues et avec peu ou pas de musique. Le résultat nous donne une sorte de flottement continu dans lequel la vie vient quelques rares fois rappeler aux protagonistes la dureté.
Mention spéciale à la scène du moule sur le visage filmé en décadrage très lent, de même pour la scène avec les transats au bord la piscine et les scènes ou des cigarettes sont fumées en temps réel (ce qui est tout de suite assez long au cinéma).
La réalisation rappelle par ces moments très forts Fassbinder en beaucoup moins bavard et racontant une histoire totalement différente et bien sûr Chantal Akerman.
Mais le tout est beaucoup plus facile à regarder, l'histoire porte très souvent à sourire, voir à rire, d'un humour et d'une joie de vivre sincères et loin de tout cynisme (malgré le milieu dans lequel évolue le personnage principal).
Alors bien sûr on pourra toujours dire que les expérimentations formelles ont déjà été vues, mais plus depuis longtemps sur grand écran, et pas avec un sujet de Sofia Coppola (ici la vie d'un acteur extrêmement riche et célèbre entre deux tournages et promos de films).
Pour ma part j'ai pris beaucoup de plaisir à me voir donner sur grand écran une œuvre de cette trempe et de cette qualité.
Je lui mets seulement 6 car malgré toutes ses qualités, il lui manque encore quelque chose pour atteindre la quasi-perfection d'un Gerry (Gus Van Sant).
Il faudra voir ce que le film donne dans quelques années, le tester par rapport à toutes les autres productions contemporaines, mais j'ai tout de même du mal à croire qu'il restera à la postérité.