Le parcours de Coppola fille n'aura pas duré bien longtemps : deux films excellents, un avertissement (Marie-Antoinette) que j'ai manqué mais dont les nombreuses critiques dignes d'une purge auraient du me mettre la puce à l'oreille, et ce Somewhere plus creux que tout.
Tout ce qui faisait le succès de Virgin suicides et Lost in translation est ici galvaudé avec mépris, comme si la réalisatrice avait décidé de saborder ses propres codes au lieu de les installer dans la durée : l'isolement du personnage principal, son décalage constant avec son univers propre, le vide qui l'entoure, tout n'est que prétexte à de longs plans très serrés éreintants et à des gags clichés placés ici et là pour nous rappeler que nous sommes en face d'un soi-disant film d'auteur.
Mais un film d'auteur, fut-il soigné dans son esthétique globale, ne peut pas se permettre d'être aussi léger en terme de symbolisme.
Notre grand acteur, qui oublie le prénom des pétasses successives qu'il n'arrive pas à gamahucher (rires forcés dans la salle : "ah, il se passe quelque chose !") découvre que la vie des gens riches n'est pas forcément la plus heureuse, et trouve son salut à travers la rencontre de sa fille de onze ans, avec qui il parvient à sentir le gout des aliments et retrouver un sentiment de consistance le temps d'une chanson horriblement exécutée par un vieux troubadour sur une guitare même pas accordée dans un hall d'hôtel (scène émouvante).
Et puis le petit ange s'en va, le papa-gâteau d'un jour lui glisse un mot d'excuse étouffé par le vacarme de l'hélicoptère qu'il a dans le dos, et ces petits mots perdus dans la tourmente propres à Sofia commencent à ressembler aux colombes de John Woo : une marotte stupide, un cliché inutile de plus, un climax forcé sans substance.
Alors papa pleure au téléphone avec son ex-femme au bout du fil. Détachement absurde de cette dernière, nouvelle salve de rires ("ah, vous voyez, il se passe bien des choses !").
Et puis papa, qui est redevenu l'ombre qu'il était au début, quitte l'hôtel sans un mot, roule par monts et par vaux à la recherche de la rédemption, d'un souvenir de sensation, d'un évènement qui lui fera reprendre goût à la vie.
Finalement, comble de la bêtise, sa renaissance se fera à travers le dénouement le plus douteux, à savoir l'abandon de sa bagnole, le retour à la nature, l'émancipation de cette vie matérielle qui nous détruit tous...j'en ai ricané bruyamment dans le cinéma sans aucun égard pour les autres spectateurs tellement j'étais agacé. Sont cons ces ricains, même quand ils vivent en France.
Bref, un film pompeux, prétentieux, masturbatoire et d'une vacuité à peine supportable, le tout enrobé de quelques belles images. Faible.