Une Ferrari noire dernier modèle tourne en rond sur un circuit fermé. La caméra est fixe. Le plan est très serré. Le bruit du moteur semble ronronner malgré la vitesse. Cette scène sans dialogue va s'éterniser pendant deux longues minutes. Finalement, le bolide stoppe sa course. Un conducteur en sort : lunettes de soleil noire, tee-shirt gris, un jean des plus basiques et des grosses chaussures de docker. Le ton est donné, Somewhere sera contemplatif. La deuxième séquence va le confirmer. On y découvre le même homme. Cette fois affalé sur son lit contemplant deux lapdanceuses. La scène est aussi ridicule que les filles sont blondes. Finalement notre bonhomme s'endort.
Bienvenue dans le monde contemplatif, ennuyeux et sans repère (rien que ça ! ) de Johnny Marco, star d'Hollywood, où les journées sont rythmées par des conférences de presse aux questions stupides, des photo-shoots hypocrites et des soirées dans sa chambre d'hôtel où il ne connait personne. Dans son monde contemplatif et sans repère/complétement assisté, les coffres des voitures s'ouvrent à l'avant. La paranoïa est omniprésente. Les messages anonymes sont légions.
Cependant, son triste quotidien va se voir bouleversé par le retour inattendu de sa fille Cléo. Il va apprendre à la connaître. Il va découvrir que sa jeune fille de onze ans est une talentueuse patineuse artistiques et une cuisinière hors pair. Bref, il va apprendre à l'aimer et à vivre avec elle.
Somewhere ou Nowhere ?
Somewhere aurait très bien pu s'appeler Nowhere tellement le film donne l'impression d'aller nulle part. Cependant la réalisatrice Sofia Coppola, elle, sait très bien où elle va. Le film n'a certes rien à voir avec l'ovni Marie-Antoinette, il s'inscrit sagement dans la lignée de Virgin Suicides et surtout Lost In Translation. Et pour cause. On a affaire à un homme un peu paumée dont la routine se voit perturbée par l'arrivée d'une personne extérieure, tiens donc, comme dans Lost in Translation. La séquence en Italie où Johnny ne comprend pas un mot d'italien n'est qu'un exemple de plus. Mais voilà, même si c'est du déjà-vu, Sofia Coppola est talentueuse et a aussi le don de savoir bien s'entourer. Aussi bien du côté des acteurs que du côté musicale.
En choisissant les français de Phoenix pour composer la bande-son, elle ne va certes pas chercher bien loin car il s'agit du groupe de son compagnon. Mais voilà, c'est efficace et cela accentue le côté émouvant du film. Stephen Dorff, alias Johnny Marco, surprend en père de famille complétement paumé et arrive à émouvoir. Dans la famille Fanning, je voudrais la fille cadette : Elle. Aussi talentueuse que son aînée Dakota, elle complète à merveille le duo formé avec Stephen Dorff. Tout dans la simplicité, ils ne peuvent attirer que de la sympathie.
Et même si à la fin, on ne sait toujours pas « Qui est vraiment Johnny Marco? » comme on lui demande lors d'une conférence de presse, on a passé encore une fois un bon moment et c'est bien là l'essentiel non ?