"Song to Song" ou la déambulation existentielle et interminable de Malick

Avec « Song to Song », Terrence Malick poursuit sa filmographie vers la voie de la grâce, de l’âme, et de toutes les questions existentielles que Malick semble se poser depuis « The Tree of Life » (2011). Là où le cinéaste parvenait avec « The Tree of Life » à marier l’expérimentation visuelle avec le propos de son récit, en questionnant la genèse de la vie humaine avec en parallèle la vie d’une famille américaine moyenne qui traverse le deuil d’un être chère, Malick semble complétement avoir abandonner l’ambition de raconter une histoire depuis « Knight of Cups » (2015).


Après avoir suivi la déambulation de Christian Bale dans son précédent film, c’est au tour de Ryan Gosling, Michael Fassbender, Nathalie Portman, Rooney Mara, et Cate Blanchett de déambuler dans des intérieurs chics au super mobilier design, sous la caméra baladeuse et en mouvement de Malick qui semble décider à faire passer ses questionnements existentiels par la voix off de ces acteurs durant plus de 2h.


Depuis trois films, Terrence Malick continue à poser sans cesse les mêmes questions, et cette fois-ci il s’agit d’une intrigue musicale (ou presque) où l’on suit des musiciens joués par un casting prestigieux, les acteurs les plus convoités du moment à Hollywood en déambulation comme des électrons libres dans un milieu puant le fric à plein nez, cherchant l’identification auprès du spectateur à travers leurs crises existentielles au milieu d’une vie loin d’être déplorable, plus occupés à se poser des questions sur ce qu’ils ressentent à côté des bassins d’intérieurs de leurs maisons, les décors ressemblant à un catalogue mobilier ou à une publicité pour parfum.


Le seul point que l’on pourrait saluer sur ce nouveau et interminable film de Malick est comme toujours sa photographie signé Emmanuel Lubezki, un habitué des déambulations de Malick avec « The Tree of Life » mais aussi des films qui emprunte à son style (Lubezki a également signé la photo de « The Revenant » (2015) et « Birdman » (2014) d’Inarritu) : une photographie et une lumière sublime, le point commun entre tous les films de Terrence Malick, qui restent de très beaux moments visuels si on ne s’en tient qu’à la forme dans certains cas, et « Song to Song » en fait partie.


Là où les personnages de « The Tree of Life » étaient portés par la grâce, ceux de « Song To Song » sont dans la lignée de Christian Bale dans « Knight of Cups », en pleine déchéance, à l’image du cinéaste.

GalDelachapelle
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le 11 août 2017

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