Ken Loach ne se départit pas de son cinéma engagé, d’une colère sincère contre un système ultra-libéral qui broie les individus les plus vulnérables. Sorry we missed you en est une nouvelle illustration.
Le réalisateur anglais s’attaque à l’uberisation de notre société et l’ultra précarité à laquelle elle conduit. Un chacun pour soi sans horaire, sans congés, sans protection social, une effroyable déshumanisation du travail. Le combat est noble et évidemment juste.
Mais alors que ses films précédents réussissaient à éviter le piège du misérabilisme grâce à des personnages forts, crédibles et ancrés dans une tragique réalité, tout fonctionne moins bien et apparaît plus forcé dans ce dernier film.
La charge portée contre la société de livraison, aussi justifiée soit elle, est parasitée par un contexte familial mal fichu. Le personnage du fils semble introduit uniquement à des fins scénaristiques, sans autre cohérence dans sa construction. Ses réactions n’ont souvent pas de sens si ce n’est celui d’enfoncer un peu plus son pauvre père, qui fait pourtant de son mieux et sur qui tous les malheurs du monde s’abattent déjà en un temps record. Au mieux il nous énerve, au pire on n’y croit pas. Les autres personnages, que ce soit la famille ou les collègues ne sont pas dessinés avec beaucoup plus de finesse. La conséquence est que le spectateur connecte moins avec chacun d’entre eux que dans les précédents films de Ken Loach. Moins enclin à provoquer une empathie naturelle, ils semblent renoncer à un espoir, au moins humaniste.

Créée

le 1 déc. 2019

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