Speed Racer par AntoineRA
À sa sortie, en 2008, la BA et l'aspect "très coloré" ne m'avaient guère donné envie de poser mes fesses dans une salle de cinéma pour regarder ce film que je considérais déjà comme ridicule.
Ma maturité m'a rattrapé, j'ai appris à apprécier les films de tous bords, et surtout à porter une attention particulière sur les œuvres atypiques et/ou visuelles. De voir l'excellent film d'animation Redline (petite merveille que je recommande chaudement) m'a remis en tête la pellicule survitaminée des frangins Wachowski. C'est donc avec un intérêt particulier que j'ai (enfin) découvert Speed Racer.
Après une trilogie Matrix qui est devenue emblématique pour le cinéma de science-fiction, c'est plutôt étonnant de voir les deux réalisateurs se tourner vers l'adaptation d'un manga/anime. Car ce qui ressort des mains des Wachowski est aux antipodes de l'univers d'un Matrix. Ici, les couleurs sont vibrantes, saturées à l'extrême, et les scènes nous embarquent dans des délires épileptiques tout en courbes et tourbillons lumineux traduisant le rythme effrénés des plans lors des courses (pas toujours très lisibles), dont les pistes sortent tout droit des jeux-vidéos les plus renversants. Même en dehors, les Whachowski ont aménagé un univers au design rétro-futuriste où la colorimétrie s'affole sur des tons tous plus criards et flashy les uns que les autres donnant au film l'aspect d'un océan de confiseries attirant chacune le regard. Un spectacle hallucinant à chaque moment.
Et si je parle de friandise, c'est aussi que le film semble viser un public des plus jeunes. Tant par son optique extrêmement sucrée de couleurs, que par les gags du plus jeunes de la famille Racer (et du singe), de scènes cartoonesques grotesques, d'autres que l'on croirait tout droit sorties de jeux vidéos (les persos sur fonds de stries multicolores), et d'un scénario diaboliquement manichéen et donc très prévisible. En effet, l'intrigue suit les sentiers d'innombrables médias de courses automobiles qui sont déjà passés par là, avec le petit jeunot destiné à se hisser à la première place. En outre, aucune interprétation remarquable chez les acteurs, même quelques ratés d'ailleurs. Disons que les rôles principaux assurent suffisamment pour garder l'intérêt. Et cela vaut le coup, puisque le final de la dernière course est indubitablement grandiose, une vraie peinture virtuelle qui fait jubiler les rétines.
En somme, malgré son scénario facile, voire enfantin, et de nombreuses scènes dispensables rendant la narration médiocre, Speed Racer est visuellement éblouissant et propose des séquences de courses décoiffantes qui pourraient plaire à quiconque cherchant à émerveiller ses rétines, même si certains effets restent douteux. Néanmoins, m'est avis que tout cela doit être bien plus fun en version vidéoludique, d'après les quelques vidéos que j'ai pu apercevoir.