Film étonnant ! On aurait peine à déterminer s'il est bon ou mauvais. Il est au delà. Du côté de l'incongruité subtile, de l'erreur magnifique. Tout sonne faux, à l'image du demi-psychédélique qui s'en dégage, des loufoqueries d'un improbable chimpanzé au milieu d'une famille américaine typique dans un décorum sixties revisité.


Pour comprendre ce film ou lui accorder un minimum d'indulgence, il faut prendre en compte qu'il s'agit de l'adaptation d'une série animée japonaise. Imaginez que l'on adapte Olive et Tom en en respectant les codes, ça donnerait une œuvre forcement bancale, inregardable pour un œil habitué à des formes délirantes inusitées.


Il est tout de même navrant d'imposer un habillage formel si original pour le mettre au service d'un narratif si classique. Ajouter à cela la grande laideur des courses automobiles et vous obtiendrez les prémices de l'ennui et une authentique révulsion.


Entre Mario Kart et les Fous du Volant, on est pris dans un jeu vidéo auquel on avait pas envie de jouer : j'en ai encore des picotements sur la rétine. Speed Racer devrait être catalogué film d'horreur, pas par son contenu mais par l'angoisse qu'il nous inflige.


Mais ô miracle, pour nous tenir éloignés du cauchemar qui défile, il y a l'ange Christina Ricci, lueur réconfortante de ce tourbillon à l'insipidité aveuglante. Là où Nathalie Portman est un objet d'attirance pour le goût majoritaire, Christina est une déesse, sujet de lorgnement des bizarroïdes de tout poil.


Pour conclure, une étrangeté cinématographique, qui deviendra peut-être culte un jour, qui sait, les décennies ayant tamisé les impressions trop hâtives. J'imagine que les Wachowski, après le succès de leur trilogie mythique, ont eu le champ libre pour imposer leurs moindres désirs aux producteurs sur le projet artistique. Ce genre de liberté donne parfois des chefs d’œuvre, parfois des échouements générateurs d'un sentiments de regrets désabusés. Notre Melvil Poupaud national y tient un petit rôle de commentateur sportif, une autre source d'éveil momentané, de sortie furtive d'un tunnel interminable.


                        Samuel d'Halescourt

Créée

le 21 juin 2020

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