Speed Racer est un bon gros divertissement familial sur un jeune homme qui veut se surpasser pour devenir le meilleur dans la course automobile et faire honneur à son frère décédé, à sa famille et à son sport fétiche. C'est un scénario sans surprise et parfaitement typique des dessins animés japonais, à l'image de celui de Pacific Rim qui sera lui aussi dévoué à rendre hommage à ses modèles et à servir de prétexte pour un spectacle hyper généreux. L'hommage de Speed Racer va encore plus loin puisqu'il prend le temps de montrer la valeur religieuse que ses personnages accordent à la course, à opposer bien sûr à sa commercialisation cynique par des entrepreneurs pas gentils. Cette passion est également généralisée à toute la famille du héros, qui se transmet cet amour et qui se soutient dans les coups durs. Ça a quelque chose d'un peu touchant.


Cette histoire toute simple et naïve mais bon enfant pouvait très bien convenir, mais elle est entachée par deux choses : déjà l'humour est de très mauvais aloi. Les coups de pied entre les jambes d'un méchant qui réagit en faisant les gros yeux, son pantalon qui se fait baisser pour le montrer en caleçon... Sérieux, non. Ensuite, les personnages sont parfois des caricatures insupportables. J'aime beaucoup le papa joué par John Goodman, mais alors le gamin, lui je le croise dans la rue il est mort. Il est INSUPPORTABLE, une tête à claques de première, un aspirateur à bonne humeur, une publicité pour préservatifs, un foutu petit con dont on espère en vain voir la tête se défigurer à mesure qu'on lui bousillerait les parties génitales au marteau-piqueur. Or les réalisatrices semblent croire à fond en ce personnage et elles en font LE comic-relief du film. Il arrive à lui tout seul à me faire baisser la note d'un point, et ça a failli être de 2 ou 3. Mais les antagonistes sont aussi assez pénibles dans leur genre, sauf que là on sent que c'est davantage pour se rapprocher d'un esprit qui s'est perdu de film d'aventure familial où les méchants sont caricaturaux pour mettre en valeur les gentils. Je trouve ça quand même mal maîtrisé, ne serait-ce que parce que leur manque de charisme rend les courses un peu moins tendues qu'elles n'auraient pu.


Maintenant on passe au point qui tue, la réalisation. Je vois ici deux situations : on est en pleine course, ou on n'est pas en pleine course. Dans le 2e cas, la direction artistique m'a inspiré un rejet immédiat. Toutes ces couleurs fluo qui sont partout et qui ne débordent jamais, ça m'a écœuré. Ça ne me paraissait pas seulement faux, ça me donnait carrément l'impression d'être piégé dans le monde d'Adibou. Quand vous ajoutez des personnages et dialogues très caricaturaux qui cumulent l'esprit des mauvais dessins animés pour les plus jeunes et des sitcoms ringardes, moi je me suis senti très mal à l'aise. Cette intro, elle m'a fait vraiment peur. Heureusement ça s'est calmé par la suite, ou alors c'est moi qui m'y suis habitué.


C'est lors des courses que cette esthétique colorée prend tout son sens. Là, ça devient un grand huit kaléidoscopique qui déborde de partout. On quitte Adibou pour entrer dans une salle d'arcade maquillée en magasin de bonbons, et c'est grave kiffant. Ce jeu sur les couleurs est hyper maîtrisé et offre des visions grandioses tandis que les voitures se foncent dessus comme dans un F-Zero. Les dérapages très larges sont appuyés par une caméra libérée qui va où bon lui semble avec un bon sens du cadre, on en prend plein les mirettes. Les Wachowski continuent de crier leur amour pour les jeux-vidéos avec des circuits aux tracés complètement fous qui défilent sous nos yeux ébahis. Il y a des audaces de mise en scène incroyables, les effets de style des dessins animés japonais sont très bien reproduits et intégrés, c'est un vrai régal. Pour chipoter je dirais que leurs transitions latérales se montrent gonflantes à la longue et que certaines manœuvres automobiles finissent par se répéter (toupies infernales, saute-mouton au dernier moment). Le spectacle est total et d'une générosité rare.


Ce Speed Racer rejoint ainsi Pacific Rim parmi les blockbusters réussis reprenant un phénomène culturel japonais sans chercher à s'éloigner des clichés. Ils assument tous les deux la désuétude de leur intrigue qu'on trouvera charmante ou ringarde selon sa sensibilité. Mais si Pacific Rim a des défauts moins pénibles que son aîné (purée mais tuez moi ce gosse...), c'est Speed Racer qui se montre le plus fou et le plus osé.

thetchaff
7
Écrit par

Créée

le 2 juin 2016

Critique lue 311 fois

6 j'aime

1 commentaire

thetchaff

Écrit par

Critique lue 311 fois

6
1

D'autres avis sur Speed Racer

Speed Racer
Hypérion
8

Le film qui override tes neurones

Non mais... Mais... Quoi... Enfin... BAAAAAAHHHH MAIS C'EST QUOI CE FILM ???!!?§§ Voilà à peu près ce votre cerveau ressent tout le long du film, tous ses synapses en surchauffe devant ce déluge...

le 24 févr. 2013

64 j'aime

10

Speed Racer
Jeremy
9

Vraooooum

37/100 sur Metacritic, 1,6/4 sur Allociné, et un box-office qui n'a pas suffi a rembourser le budget du film. C'est ce que l'on appelle "ne pas trouver son public". Speed Racer (2008) allie une forme...

le 14 juin 2010

49 j'aime

15

Speed Racer
Sergent_Pepper
7

« Putain, on va cartooner »

Les esprits s’étant calmés après l’euphorie et les excès de la trilogie Matrix, il était grand temps de redonner sa chance à cet étrange objet qu’est Speed Racer. Speed Racer est le prototype du...

le 23 oct. 2015

46 j'aime

6

Du même critique

Seven Sisters
thetchaff
5

On aurait dû faire un calendrier à 5 jours

Des mini-divulgâcheurs se sont glissés dans cette critique en se faisant passer pour des lignes normales. Mais ils sont petits, les plus tolérants pourront les supporter. Seven Sisters est l'exemple...

le 2 sept. 2017

94 j'aime

9

Matrix Resurrections
thetchaff
6

Méta rixe

Cette critique s'adresse à ceux qui ont vu le film, elle est tellement remplie de spoilers que même Neo ne pourrait pas les esquiver.On nous prévenait : le prochain Matrix ne devrait pas être pris...

le 27 déc. 2021

71 j'aime

3

Zack Snyder's Justice League
thetchaff
6

The Darkseid of the Moon

Vous qui avez suivi peut-être malgré vous le feuilleton du Snyder Cut, vous n'avez sans doute pas besoin que l'on vous rappelle le contexte mais impossible de ne pas en toucher deux mots. Une telle...

le 19 mars 2021

61 j'aime

4