Comment faire pour intégrer Spiderman, le super héros blagueur par excellence, dans un MCU au ton déjà très léger ? Le réalisateur Jon Watts et son équipe de six (!) scénaristes nous proposent la réponse évidente : rendre leur film encore plus décalé que le reste de la franchise. Mais une réponse évidente n’est pas nécessairement un bonne réponse. L’humour signature du MCU respecte le premier degré de l’univers, et sert principalement à désamorcer certaines situations, et relativiser des enjeux absurdement écrasants. Par contre, en forçant encore et encore le trait, ce énième reboot de Spiderman se retrouve le cul coincé entre deux chaises, entre le reste du MCU et une parodie au second degré complètement assumée.
Cette bipolarité s’exprime surtout au travers des personnages. Peter Parker —joué par un très convaincant Tom Holland— et l’antagoniste Adrian Toomes sont plutôt subtils, en particulier le dealer d’armes interprété par l’impeccable Michael Keaton. À l’inverse la quasi totalité des personnages secondaires sont complètement caricaturaux, leur personnalités sacrifiées sur l’autel de l’humour facile. Ned, MJ et surtout Flash, en autres, sont grotesques.
Passé ce coup de gueule, on a affaire au classique produit standardisé Marvel : divertissant mais sans surprise, bien filmé mais sans prise de risque. L’intrigue “à taille humaine” est plutôt rafraichissante dans la surenchère nécessaire de la franchise, sans être vraiment marquante, et très prévisible. Certains dialogues vraiment pas naturels paraissent écrits pour les cancres au fond incapable de connecter deux neurones : par exemple Spiderman, découvrant des dealers d'armes extraterrestres s'écriant —pour qui ? pourquoi ?— que ce sont sûrement grâce à eux que les criminels du coin se fournissent en armes extraterrestres. Merci, Peter.
Bref, Spider-Man : Homecoming est un film Marvel typique, avec quelques bonnes idées, mais parfois plombé par un humour bâtard, et finalement assez oubliable. Après avoir attendu si longtemps l'union entre Sony —qui détient les droits de Spidey— et Marvel, je ne peux m'empêcher d'être déçu.