J'avais passé mon tour sans réel regret concernant « Black Widow » « Shang-Chi » et « Venom 2 », autant j'ai, comme beaucoup, cédé à la tentation concernant la nouvelle aventure de l'homme-araignée, n'en ayant jamais manqué un dans les salles obscures et dont le point de départ m'intriguait, même si je me doutais sans mal que cette idée ambitieuse allait être passée sans ménagement à la moulinette Disney-Marvel, ce qui n'a pas manqué. Je dois même avouer avoir été très inquiet dans les premières minutes : humour lourdingue, science du récit quasiment inexistante, effets spéciaux sans âme...
Ce n'est vraiment qu'avec l'arrivée du docteur Strange que j'ai enfin pris (un peu) de plaisir à suivre cette histoire, Benedict Cumberbatch, aussi bien par son personnage que son talent d'acteur, s'offrant plus ou moins toutes les meilleures scènes, notamment ce « combat » dans le « Multiverse », d'assez loin le moment que j'ai préféré. Comme je l'écrivais précédemment, vouloir sortir du schéma habituel, c'est bien, surtout que me concernant, cette idée d'univers parallèle où chaque Spiderman aurait une identité propre et évoluerait différemment des autres, je la trouve géniale.
Mais qu'en font Jon Watts et ses scénaristes ? Pas grand-chose (euphémisme). Les explications sont floues (ça, encore) et très vite on se retrouve limité à une sorte de « Pokémon catch » géant, où l'on cherche désespérément (et parfois de façon assez ridicule) à humaniser les méchants mythiques de la saga : pour certains admettons, mais pour d'autres... Aucune audace à relever, et j'ai beau avoir eu une poussée de nostalgie en voyant apparaître les différents acteurs de la saga, super-héros comme méchants, si ce n'est les quelques scènes réunissant les Peter Parker, rien ne dépasse, rien ne marque, rien n'émeut, même la dernière scène, pourtant jolie, donnant cette impression d'éternel recommencement, comme s'il fallait « changer un tout petit peu pour qu'au final absolument rien ne change », semblant d'ores et déjà annoncer de futurs « Spiderman » tout aussi fades et formatés.
Mais bon, pourquoi changer une formule qui marche (financièrement) ? En étant juste sérieux et professionnel, la saga bat régulièrement des records, alors pourquoi chercher à être plus ambitieux ? Après, si vous cherchez juste à avoir une grosse machine divertissante faisant le job, pourquoi pas ! Au vu de l'état du cinéma post-Covid, je me réjouis même de voir un titre dépasser à nouveau le milliard de dollars. Un triomphe annoncé qui en est donc un, sans que quiconque eut pu l'en empêcher : tant mieux pour lui, tant mieux pour Marvel, tant mieux pour Mickey. Reste qu'en tant que spectateur, ce « Spider-Man: No Way Home » ne se donnant jamais les moyens de ses ambitions s'effacera vite de ma mémoire, comme l'immense majorité des productions du studio ces dernières années.