Bikini fever

Il y a deux façons de juger une oeuvre. Sur le fond et sur la forme. Si ce lieu commun mettra tout le monde d'accord, ce n'est pas le cas du nouveau film de Harmony Korine. Chacun apporter sa propre pierre à l'édifice, que ce soit pour l'encenser ou pour le descendre. Très peu resteront indifférents face au spectacle proposé.

Sur le fond, le tour est vite fait. Quatre filles se baladent en bikini, braquent un fast food, s'éclatent à la plage et tombent sous la coupe d'un pseudo gangster à la dentition métallique, sorte de Joey Star façon Oncle Sam. Certains y verront une dénonciation des excès du Spring break et de la violence de la culture américaine, d'autres une apologie de ces mêmes choses. La vérité est peut être entre les deux. Ou peut être ne faut-il pas chercher dans le film autre chose qu'un pur objet formel.

Et de ce point de vue là, le réalisateur se lache, signant une sorte de clip ultra stylisée, filmé sous acides. Dans le montage, dans le cadrage, on retrouve l'esthétique MTV. On pense un peu à Aronofsky, façon guimauve. Au milieu de ce montage épileptique, quelques séquences plus contemplatives se détachent, telles des paillettes dans un rail de coke. Quelques très bonnes idées de mise en scène encadrent des passage plus bateaux.

On ne sait pas vraiment sur quel pied danser avec ce Spring Breakers, finalement assez classique, qui n'ose pas aller assez loin dans le trash et le scabreux. Finalement, c'est un film assez mainstream, la preuve c'est que tout le monde en parle, des Inrocks aux Cahiers du Cinéma. Une chose est sûre en tout cas, on a pas fini d'en parler...