Voilà un film pour le moins énigmatique que j'ai découvert à l'occasion de la rétrospective Tarkovski qui a commencée ce mois-ci. On passe sans doute à côté de pleins de choses au premier visionnage donc je serai sans doute amené à le revoir.
J'avoue avoir somnolé les premières minutes du film (séance du soir et grosse journée derrière), l'ambiance noir et blanc, post-apocalyptique était assez dure à encaisser, mais une fois qu'on a cette très belle séquence du passage avec le bruit du train et les gros plans sur les acteurs, l'entrée dans le Zone, j'ai pu être concentré et j'ai pu admirer le travail de Tarkovski, en très belle qualité.
Je m'attendais, vu toutes les allusions que l'on a fait à la foi en me parlant du film, à un voyage initiatique en passant par des phases très binaires comme dans La Divine Comédie de Dante mais au final les étapes que l'on passe sont très homogènes, l'environnement évolue assez peu et on est pas face à des dangers immédiats.
En fait, lorsqu'on dit que ce film est un film sur la foi, on parle de la croyance dans sa globalité. Les personnages se différencient les uns des autres par leur taux de foi, le Stalker croit en la Chambre de la Zone, l'Ecrivain lui est plutôt sceptique alors que le Professeur reste curieux et donne assez peu son avis sur ce qu'il voit au fur et à mesure du film, tout repose sur la croyance ou non de ce qu'on s'apprête à découvrir. Le film est assez peu religieux je trouve, il se base surtout sur la curiosité et se permet même un peu d'humour avec le personnage de l'Ecrivain, confronté aux deux autres dans des dialogues parfois très philosophiques et d'autres très sympathiques à suivre.
Le film regorge de poésie, reprenant des vers du père de Tarkovski lui-même, qui était poète, l'impression que ce qu'on découvrira à la fin du film changeras à tout jamais la vie de nos personnages, cette manière d'abandonner le monde qu'on laisse derrière nous, avec sa pollution et son ambiance post-apocalyptique.
Film difficile à appréhender dans son ensemble, regardez-le dans les meilleures conditions qui soit.