Cet épisode est celui où se noue tout ce qui se joue dans les préquelles.
C'est celui où se forme le couple Anakin-Padmé. Et c'est bien là que tout se joue. Dans ma jeunesse, j'ai ressenti de puissantes décharges de haine et de dégoût.
Mais avec l'âge, j'ai compris que maîtriser la force, c'est accepter tout ce qui nous est donné dans l'univers. Car même une bluette des plus cuculs, et même un couple aussi horripilant qu'un jeune premier arrogant qui se transforme en amoureux niais au contact d'une patricienne embourgeoisée peut avoir son rôle à jouer dans une épopée rhapsodique.
Oui, le pouvoir de la force va jusque-là.
A l'époque, ce qui me choquait, c'était l'embourgeoisement, le côté empesé de cette république antérieure ) la vraie trilogie. Son côté clinquant, fin de siècle. Anakin portant les valises Samsonite de Padmé à la descente du taxi. Et surtout ces effets spéciaux dégueulasses. et surtout, voir Yoda piétiner tous les conseils non-violents qu'il professait dans L'empire contre-attaque et devenir un chef de guerre à la Lincoln. Purée, je me souviens encore de l'éclat de rire de la salle de l'UGC Odéon quand on a vu le vénérable petit homme vert faire son premier saut périlleux armé de son sabre laser. Et puis Christopher Lee (que j'adore, hein) est étonnamment décevant et engoncé en comte Doku (qui veut dire "poison" en japonais) : ses scènes d'action sont très mal rythmées. Un vrai méchant d'opérette.
Avec le recul, on ne peut avoir qu'un premier mouvement d'horreur devant ce film dont trois quart des scènes ont été tournées sur des fonds verts. Mais la mise en scène très classique finit par être un plus qui sauve (un peu) le film.
Et au fond, le film est assez généreux au niveau du développement de l'univers de la vieille république. On voit beaucoup de vaisseaux nouveaux, on peut enfin explorer les intrigues de cette Coruscant qui était mille fois plus intéressante que Tatooine et Naboo, où l'on se sentait coincé.
En somme, le film est bizarrement sauvé par son kitsch, par son côté outrancièrement désuet. On trouve même une petite saveur à ce côté fadasse. Celui des vieux magazines pour adolescent que l'on retrouve au fonds d'un grenier. Bref, ce qui fait l'essence de ce film, c'est le couple Padmé-Anakin.
Au niveau cinématographique, il y a quelque chose d'ironique, quand on y pense. Le premier Star Wars était sorti la même année que Flash Gordon et ce qui fait qu'il avait brillamment éclipsé son rival, c'était qu'il compensait son aspect fauché par un rythme d'enfer, du bagout et une mythologie cohérente, bref en ringardisant son petit camarade. Mais avec cet épisode 2, on sombre complétement dans la ringardise. La vraie, vous savez, celle de la série Batman des années soixante. Penser que L'attaque des clones est sorti deux ans après Pitch Black, avec Vin Diesel, donne une sorte de vertige. Bref, vingt ans plus tard, le ringardiseur s'est lui-même ringardisé.
A méditer.