Star Wars, L’Ascension de Skywalker : le pari impossible

Bon bon bon, j’ai assez hésité à écrire cet article si rapidement après avoir vu Star Wars Épisode IX : L’Ascension de Skywalker, pour la simple et bonne raison que rien qu’entre hier soir en m’endormant et ce matin, mon humeur vis à vis du film est passé de “relativement réjouis” à “plutôt frustré” en passant par “pas mal énervé”. Alors j’ai douté de la pertinence de vous donner mon avis à chaud puisque je sens bien la nécessité de digérer ce film. Finalement, j’en suis arrivé à la conclusion que cela pourrait être un exercice rigolo de donner mon avis rapidement comme à l’accoutumée, et de revenir dans quelques semaines, vraisemblablement avec au moins un nouveau visionnage au compteur, pour déposer une “critique”, plus posée, plus réfléchie, sur la postlogie qui vient de s’achever.
Évidemment, je ne vois pas trop comment écrire cet article sans dévoiler les intrigues, les twists et les éléments majeurs du scénario.


Je dois avouer avoir eu une vraie montée d’émotion lorsque le générique culte est apparu, parce-que c’est très probablement la dernière fois qu’il apparaitra sous cette forme, puis j’ai enfin compris l’enjeu qui se déroulait devant mes yeux (il était temps), découvrir un Star Wars, découvrir le bandeau d’ouverture, découvrir cette introduction, c’est quand même (encore) un événement. Le métrage commence vraiment très bien, ça va à fond la caisse, J.J. Abrams semble avoir appris de ses erreurs passées et propose du frais. Les environnements sont neufs et travaillés, et ne sont pas sans rappeler le démarrage de Star Trek Into Darkness ; il n’y a pas d’air de déjà vu et les personnages semblent avoir évolués, la photographie renvoie à celle des Derniers Jedi appuyant ainsi une continuité visuelle ; bref l’ouverture est prometteuse.


Globalement le film est bon, il compte de bonnes choses, les enjeux sont présents et inédits ; visuellement, artistiquement et scéniquement c’est irréprochable (si on fait définitivement une croix sur les planètes exotiques que l’on voyait dans la prélogie). Les scènes de fusillades sont percutantes et très rythmées, elles m’ont vraiment plu. Les combats au sabre laser ont enfin de la personnalité, ils sont moins chorégraphiés que dans la prélogie, moins scénarisés que dans la trilogie, mais enfin ils racontent quelques choses ; les coups portés sont lourds et nécessitent une énergie folle aux personnages ; c’est un nouveau genre de combat intéressant. Les scènes d’actions de manière générale sont bonnes, Abrams est à l’aise avec ce genre et sans se transcender livre une partition soignée. Cela dit, les batailles spatiales oscillent entre le bon et le mauvais, certaines comme la course-poursuite avec le Faucon et les ricochets hyper-spatiaux sont plaisantes, alors que d’autres paraissent brouillons ; comme le climax notamment (c’est bête), qui se résume à une bouillie d’effets numériques sans fil rouge, où nous arrivons à suivre les péripéties parce-que les personnages nous les racontent, mais sans cet artifice, impossible de comprendre quoi que se soit.
Cela dit, bien que bon, l’ensemble est terriblement fainéant, par exemple, lors du grand final, au lieu de se contenter des caméos vocaux des Jedi emblématiques de la saga, pourquoi ne pas réunir physiquement les acteurs ? L’impact aurait été nettement supérieur, et pour le coup la conclusion aurait été plus représentative.


Aussi, les personnages ont enfin droit à un traitement intéressant. Rey est enfin une Jedi entrainée qui peut justifier son talent particulier, elle apparait plus responsable et moins naïve, mais sa proximité avec le côté obscur auquel on ne croit pas vraiment aurait mérité plus d’audace. Finn et Poe apportent les meilleurs moments de bravoure au film avec une complicité plaisante ; le pilote atteint un accomplissement logique, malheureusement l’ancien stormtrooper reste un gâchis non-exploité tant son histoire est intéressante. A l’inverse, Kylo Ren est, comme depuis le début, le personnage le plus intéressant du film, son développement est plutôt bien écrit, mais malheureusement sa mort est d’une facilité là encore trop paresseuse ; il est néanmoins l’un des meilleurs personnages de la saga. Les autres protagonistes secondaires comme C-3PO, R2-D2 ou Chewbacca ont droit à une meilleure écriture que dans les deux opus précédents. Quant à Leia, les quelques rushs inutilisés de Carrie Fisher lors des deux films précédents lui permettent de conclure son histoire d’une jolie manière tout en douceur et poésie.


Mais malheureusement, le rendu visuel et les personnages sont certainement les deux seuls aspects vraiment positifs du film.


Le reste ne tient pas vraiment la route, la première phrase du texte d’ouverture nous met déjà dans une situation délicate “Les morts parlent !” BIM ! “Palpatine est vivant et vous devez l’acceptez parce-que vous n’en saurez pas plus”. Au-delà de minimiser le sacrifice de Vador dans Le Retour du Jedi, cela reflète une impasse dans laquelle cette postlogie s’est mise toute seule. Arrivée à la fin des Derniers Jedi, elle ne sait plus quoi raconter alors elle ressort d’un chapeau magique le seul méchant que l’univers compte vraiment. C’est assez risible. Et à l’image du retour inexpliqué et sans intérêt de l’Empereur, le métrage passe son temps à ne pas respecter la saga, l’univers et les spectateurs. Le retour de Lando ou la bataille finale ne sont que de la poussière d’étoiles devant des enjeux vides auxquels on nous obligent à croire.
Aussi, je ne critiquerai pas les nouveaux pouvoirs présentés ; l’univers n’empêche pas cette évolution de la Force, exceptée une capacité : le pouvoir de guérison. Dans La Revanche des Sith, influer la vie est considéré comme un pouvoir inaccessible, qu’un seul adepte hyper expérimenté du côté obscur a atteint, et est surtout responsable de toute la dramaturgie d’Anakin Skywalker traitée durant deux épisodes. Maintenant c’est un achievement de la Force utilisable par n’importe qui.
Bref, paradoxalement, L’Ascension de Skywalker se présente comme l’héritage ultime d’une saga de neuf films mais ne la respecte pas et n’en a pas compris l’essence et l’intérêt. Au final, le film est incohérent vis-à-vis du reste de la licence Star Wars et, à l’image de cette postlogie se moque des spectateurs avec une technique évidente au bout du troisième opus : c’est beau donc taisez-vous.


A cause d’une mauvaise écriture qu’il est impossible d’ignorer maintenant, cette conclusion parait forcée et sans intérêt. Ni la saga, ni la postlogie ne semblent aboutir à un dénouement cohérent et crédible, pire, au-delà de la symbolique émouvante à coup sur, la dernière scène parait forcer le spectateur à croire à la fin d’une aventure de quarante ans. En abusant de poudre aux yeux, J.J. Abrams n’est rien de plus qu’un pompier qui hérite d’un navire en feu, qu’il a lui-même initié il y a quatre ans. Pourtant, j’ai longtemps défendu cette postlogie qui comptait de nombreux détracteurs et espéré qu’une heureuse conclusion arrive. A vrai dire, j’espère encore une chose, qu’un nouveau visionnage complet de cette trilogie me réconcilie avec elle, mais j’ai un mauvais pressentiment.


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Timiole
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le 29 mars 2020

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