Star Wars Eco+

Un an après la guerre, en tant que fan de cette saga cultissime, je me suis enfin décidé à visionner ce nouveau film, fabriqué sous la tutelle de Disney et qui a entraîne des réactions extrêmement variées lors de sa sortie. D'emblée, je suis incapable de juger le film avec une pure objectivité, puisque d'une manière ou d'une autre, on m'avait déjà raconté tous les morceaux du film. En quelque sorte, j'ai constaté par moi-même le résultat d'une sempiternelle production et d'une publicité à foison. J'ai tenté de laisser mes appréhensions de côté du mieux possible.

Bien entendu, pour un fan de la franchise, certains détails n'échappent pas : la nature de la controverse porte sur la structure scénaristique du métrage, semblable au Nouvel Espoir. Mais je préfère juger le film en tant que tel. Après mon visionnage, j'ai ressenti une sensation étrange : celle d'avoir vu en même temps un bon film et un mauvais film. Les similitudes entre Le Réveil de la Force et Un Nouvel Espoir ont déjà été établies par beaucoup d'autres critiques avant moi, dès lors, je vais essayer de mettre en contraste les qualités et les défauts du film.

De prime abord, j'estime que la saga connaît un certain renouveau, parfois regrettable et parfois prometteur. Ce film a été réalisé par un fan de la saga, mais JJ Abrams étant un réalisateur très inégal, il nous livre ici une copie carbone souvent dénué de charme. Pourtant, l'emballage est vraiment joli : les effets spéciaux sont de bonne qualité et les autres qualités techniques sont présentes. Je déplore juste que John Williams n'ait pas délivré sa meilleure composition : bien que bonne, la musique est plus oubliable si on excepte le thème de Rey.

Par ailleurs, les qualités et défauts du films sont surtout visibles en établissant la comparaison entre les personnages et les acteurs qui les incarnent. En l'occurrence, la protagoniste principale, Rey, est sûrement mon personnage préféré du film. En tant qu'héroïne solitaire, elle m'a fait penser aux héros de Western et est vite devenue très attachante, même si elle est trop "lisse" par moments. De plus, son développement nécessite les deux autres films, ce qui fait qu'il paraît incomplet... Le constat est similaire pour Finn et Poe, quand bien même j'ai apprécié leur "bromance". Puis il y a le fameux Kylo Ren, fustigé de par les uns et défendu par les autres. Un peu comme le reste du film, j'ai plutôt un avis neutre sur lui. Pour cause, au-delà des critiques sur son jeu d'acteur et son physique, on ne l'a tout simplement pas assez vu. Tout l'aspect prometteur du personnage, à savoir celui du petit-fils déchu désireux de devenir quelqu'un, est éludé par le déroulement beaucoup trop rapide du film. En somme, c'est vraiment regrettable. En fait, les anciens acteurs semblent n'être revenus que pour empocher leur chèque, et j'ai ressenti un peu de pitié pour Han Solo et Leïa Skywalker, notamment lors de leurs scènes... Les pauvres, ils n'avaient pas l'air d'y croire eux-mêmes. Et inutile d'évoquer Luke...

Concernant l'univers, il est... incomplet. On effleure beaucoup d'éléments sans jamais y entrer en profondeur. La cause est évidente : les péripéties empêchent de développer quoi que ce soit. Passé le début du film, la banalité s'installe : des personnages se rencontrent par hasard dans des facilités scénaristiques honteuses, des petites scènes d'action, bien filmée sans être marquantes, rythme le tout et nous avons le droit à quelques discussions.

Tiens, parlons-en des dialogues. On critiquait beaucoup ceux de Georges Lucas, mais ceux-là ne volent pas haut non plus. Vient alors le plus grand défaut du film : l'humour bas de plafond. À tout moment du film, à l'exception du dernier acte (et encore), des personnages enchaînent les blagues nulles, c'en devient très malaisant. Les enjeux s'en retrouvent anéantis et aucune tension dramatique ne peut s'installer : le film en perd grandement en intérêt.

De toute manière, je n'ai pas réussi à ressentir quoi que ce soit lors de mon visionnage. Le déroulement du film est tel que chaque rebondissement est prévisible, en particulier

Mais le problème n'est pas l'intrigue classique : tant qu'elle est bien développée, je peux passer outre les facilités et incohérences. Hélas, le film manque sévèrement d'explications sur sa propre cohérence, sûrement pour des raisons commerciales. Ainsi, chaque opportunité de mieux comprendre ce qui a mené aux événements présents est éludée avec une subtilité inexistante. Pire encore, ils semblent assumer totalement que l'on connaît tous les enjeux du film. Sauf que ça ne fonctionne pas ainsi : on n'introduit pas la République juste avant de la détruire dans une scène dont la métaphore du 3ème Reich est d'une lourdeur sans nom, on ne te balance pas un texte explicatif qui perd le spectateur avant même que le film n'ait commencé, on ne confère pas des capacités aux personnages sans en avoir parlé au préalable, on ne fait pas apparaître des personnages secondaires en supposant les connaître.

De ce fait, cet épisode est dans l'ombre de ses prédécesseurs. Il manque de scènes marquantes, tragiques, épiques, larmoyantes : tout est puisé, d'une manière ou d'une autre, sur les succès de jadis. L'univers de Star Wars est parmi les plus gigantesques univers de fiction jamais crées, il regorge tellement de possibilités, alors pourquoi se contenter de sombrer dans le classicisme et le manichéisme à outrance ? Tous les éléments prometteurs sont gâchés par des scènes d'action certes lisibles mais qui manquent sérieusement de punch. Pourtant, j'ai beaucoup aimé la bataille au sabre laser qui opposait Rey à Ren (notez la différence subtile entre les noms), car elle était prenante et surtout, elle était la seule à proposer véritablement quelque chose de nouveau. Il y avait de l'intensité, du dynamisme et les personnages se livraient à leur meilleure prestation du film.

Au final, je peux comprendre que Star Wars 7 n'ait pas plu à tout le monde. Je suis content pour ceux qui ont été conquis par le film, mais même si le concept même de la saga repose sur celle du blockbuster hollywoodien, le résultat est trop fade et trop lisse pour devenir mémorable. C'est un ensemble de bonnes idées, d'effleurements prometteurs noyés par un humour catastrophique, une structure formatée et des interprétations inégales. Un bon film dans un mauvais film.