Lettre de Monsieur le président de Walt Disney Company à J.J. Abrams

Cher J.J. Abrams,


Tout d’abord, sachez que nous sommes heureux de pouvoir travailler avec vous sur ce nouvel opus de la saga la plus folle du cinéma.
J’ai vu votre intérêt pour Star Wars, comment les films de la trilogie originelle vous ont influencé dans votre manière d’approcher le cinéma en tant qu’art.
Sachez que chez Mickey, du moins depuis quelques années, nous ne raisonnons malheureusement pas comme ça...


Voyez-vous, acheter les droits de cette franchise nous a coûté un bras (et on ne compte pas s’arrêter là, on veut la Fox, avec le reste de l’équipage Marvel pour notre branche super-héroïque, en fait, on veut tout, ainsi qu’un monopole) et nous contions rentabiliser en un minimum d’efforts.
Donc que ce soit clair entre nous mon cher, il n’y aura ni marques d’originalités, ni innovation technique pour ce film. On va mettre le paquet en budget marketing et la promotion de ce film et dépenser sans compter dans le cachet d’Harrisson Ford.


Mais pour les effets visuels, cantonnez vous au minimum, simple, net et précis. Je ne veux pas de nouvelles technologies, de révolution ou de 3D sans lunettes, au diable tout ça, c'est pour les dingos, comme Cameron, c’est bien trop cher. Je sais que vous avez mis du cœur à l'ouvrage pour les reboots de la saga Star Trek, mais ici, s'il vous plaît, pas grand chose, ne vous creusez pas la cervelle, des paysages normaux, une belle île, des effets spéciaux basiques.


Un film reste un film, ambitieux ou non, ça se vend, les moutons rappliquent, peu importe la qualité de l’herbe. Personnellement, je ne vois aucune différence entre le premier Alien et la franchise Transformers par exemple, hormis que cette dernière est une mine d'or, et, en toute honnêteté mon cher J.J., je préfère pondre un mauvais film qui fera du succès au box office, plutôt qu'un de ces "prophètes cinématographiques" à la Blade Runner qui sont déficitaires.
Souvenez-vous que Le Réveil de la Force sera un pur film d'exploitation, et qu'est ce que les films d'exploitation ?



Des films faits avec peu ou pas d'attention à la qualité ni au mérite artistique mais dans la perspective d'un bénéfice rapide, habituellement par l'intermédiaire de techniques de vente sous pression et de promotion qui insistent sur l'aspect sensationnel du produit.



Pour l’histoire, eh bien voyez avec l’épique et reprenez la même intrigue que l’épisode IV, notre but est de vendre ce film aux fans, non les déstabiliser avec un scénario trop "complexe".
Je veux aussi une nouvelle étoile noire, puissance 10, et un nouveau droide astromécano, plus coloré, un peu comme R2B2 (c’est bien ça ? R2B2 ? Aucune importance d'ailleurs...vous savez chez nous, on se fiche un peu des noms, tout comme la mythologie Star Wars en général en fait, on a bien balancé à la benne tout l'univers étendu, ha ha ha).
Pour le casting, des petites idées, des acteurs pas trop connus, le retour d'Han Solo étant déjà très cher, des jeunes premiers, comme Zac Efron ou Taylor Lautner, pas de gueules, il faut miser sur des faciès propres et impeccables, conformes aux standards de beauté actuels.
Oh, et pour la musique, ne forcez pas trop sur l'original et le renouveau, appelez Williams, dites lui que le thème principal suffira, le public se fichera du reste de la B.O. de toute manière et sera quand même content dès l'introduction de toute manière.


En fait, les actionnaires et moi même voulons un épisode IV remis à jour dans l'optique d'un bénéfice rapide avec un minimum d'efforts, voilà tout.
Je veux ni richesse d’écriture, ni originalité ni ambition, qu’elle soit scénaristique, visuelle ou sonore, je vous répète que ça ne sert à rien. Je vous serez gré de me comprendre.


J'imagine que mes propos doivent choquer votre âme de cinéaste et m'en excuses par avance mais voyez-vous, lorsqu’on est dans le métier depuis des années, comme moi, qu'on a un empire à gérer (avec produits dérivés, parcs d'attraction, etc) et un gros catalogue de films qui peuvent rentabiliser un max, on ne voit plus le cinéma comme un art, mais avant tout comme une industrie, et le spectateur n’est qu’une source de revenus, rien de plus, alors pourquoi se casser la cervelle à créer un "monde magique", alors qu’on peut l’attirer dans nos salles obscures avec si peu d’efforts et se reposer sur les acquis du passé ? On peut jouer la carte de la nostalgie et enlever tout le frisson de l'aventure, de l'ambition et de la nouveauté sans que le spectateur ne s'en rende compte, c'est psychologique, il idéalise nos films car ils lui rappellent un bon moment du passé, qu'ils soient bons ou nuls le résultat est le même, en tant que fan, il est comblé, apprécie et paie.


Il est financièrement impossible de se vautrer sur un Star Wars mon cher, il y aura toujours un public pour aller voir ces films même s’ils sont pourris.
Je compte sur vous pour générer au minimum 2 milliards de dollars de recettes au niveau mondial. Puis si le film arrive à dépasser le milliard au box office américain et qu’il arrive à dépasser le score d’Avatar à l’international (ce que j'espère de tout cœur), nous vous garderons derrière la caméra pour l’épisode suivant, et la petite dizaine d'autres. Eh oui si ça marche on est reparti pour 20 ans non !


Souvenez-vous mon cher : le cinéma est une industrie, et non un art, pensez comme ça et vous serez bien plus riche et adulé que vous ne l'êtes.


Veuillez agréez, mon cher monsieur, mes salutations distinguées.

Créée

le 29 oct. 2017

Critique lue 264 fois

2 j'aime

Tom Bombadil

Écrit par

Critique lue 264 fois

2

D'autres avis sur Star Wars - Le Réveil de la Force

Star Wars - Le Réveil de la Force
Samu-L
6

Star Wars Episode VII: A New Hope Strikes Back

Divulgâchage épique dans ce billet!!! Au départ, j'avais décidé de pas intervenir. Je m'étais dis: " mon petit Sam, est-ce que ça vaut vraiment la peine de t'embarquer là dedans? Parce que tu sais...

le 18 déc. 2015

286 j'aime

97

Star Wars - Le Réveil de la Force
Palplathune
4

La force a la gueule de bois

Quand on critique quelque chose qui tient autant de l'affectif que Star Wars, il est bon de dire d'où l'on vient. En l'occurrence, je suis un (relativement) vieux fan de la trilogie originale. Cet...

le 20 déc. 2015

234 j'aime

37

Du même critique

Surfing With the Alien
Tom-Bombadil
8

Qui a dit que la musique instrumentale n'était pas de la musique ?

En 1987, le hard rock et le metal sont en plein âge d’or et le monde glorifie la guitare électrique (comme le font actuellement les jeunes...mais avec Jul) , tels le prouvent deux mastodontes de puta...

le 1 mars 2018

7 j'aime

2

Brain Salad Surgery
Tom-Bombadil
6

Chirurgie du cerveau sans anesthésie

En s'attaquant à Brain Salad Surgery, on ne sait pas à quoi on fait face, même en étant amateur de prog, car ce quatrième opus des zigotos de Emerson, Lake & Palmer n'est pas un album non, c'est...

le 11 déc. 2020

5 j'aime

La Ligne rouge
Tom-Bombadil
9

Malick à son zénith...

Personnellement j'ai approché Terrence Malick à l'inverse de la plupart des gens. J'ai commencé par The Tree of Life, puis je me suis intéressé à son revirement expérimental avec Knight of Cups...

le 29 sept. 2017

4 j'aime

1