Un film pour les fans qui veulent s’amuser avec leur jouet favori.
Ici il faut laisser son sens critique pour apprécier ce film. Si vous voulez nager dans votre univers favori, allez-y.


De la main de JJ Abrahams, on s’attendait à un bon truc, et ça l’est sur quasi tous les plans sauf quelques points essentiels.
Les relations entre les personnages s’installent trop vite pour sonner juste. Le film ne prend pas le temps de poser les liens, possible qu’il se soit vu imposer une durée limite, merci les producteurs qui n’en loupent pas une pour foirer des œuvres. Disney? Ha ben voilà tout est dit.
Ci et là quelques problèmes de direction d’acteur, et d’actrice. Voir Daisy Ridley grimacer chaque fois qu’elle court ou qu’elle brandisse une arme.
Il y a quelques lignes de dialogue qui font carrément grimacer, surtout lors d’une très bonne scène dont je ne peux rien vous dire mais qui est mal conduite, on y croit pas, un vrai gâchis.
Le scénario emprunte beaucoup à la trilogie originale, mais vraiment beaucoup. Certaines idées sont bien tournées même si elles sont recyclées
Le montage est assez rapide, trop pour s’installer dans l’histoire. Comme pour les liens entre persos, pas de temps pour prendre le temps, la maladie du cinéma d’aujourd’hui.
Et encore un défaut majeur de nos jours au cinéma pop-cornesque: dès le début, on est agressé (disons je suis agressé) par une prédominance de musique symphonique qui pète les oreilles. Cordes, cuivres, percussions, et vlan! Pas une seconde pour apprécier simplement les sublimes images qui passent à l’écran.


Une grande qualité des 6 premiers épisodes n’est plus là, ou à peine visible: plus d’enjeux politiques, plus de magouilles, on a des gentils et des méchants. Il y a des individus qui changent de camp, ou sont prêts à changer de camp, mais c’est tout.
Après avoir revu les épisodes 1, 2 et 3 il y a une semaine, je me suis dit que ces films racontent la réalité mieux que ne le font les médias de nos jours. Etonnant qu’une série de films de science-fiction fantaisistes soit plus juste que les journalistes censés être objectifs.
– Dans la 1ère trilogie de Star Wars, on voit un politique (Palpatine qui se révélera être Darth Sidious l’usurpateur) mener des intrigues, des mensonges, des manipulations afin de prendre, tenir le pouvoir, imposer un gouvernement unique et tyrannique au nom de la sécurité et de liberté. On croirait l’histoire du libéralisme qui envahit le monde.
– Dans les médias, on nous parle de gens très méchants (partis qualifiés d’extrème-droite, présidents démocratiquement élus nommés tyrans) et de pauvres victimes (les migrants, les homosexuels, dessinateurs satiriques vulgaires et pas drôles, des militants anti-Poutine). Les méchants et les gentils.
Il est intéressant que Star Wars renaisse ces temps. Un peu de valeur essentielle (la Force, image de l’instinct, de la foi) nous aurait fait du bien.
George Lucas a beau avoir bâclé la 1ère trilogie sur l’autel de la technologie, au moins il tenait au sens profond de cette histoire: raconter les dangers et les forces d’une société humaine. Cet épisode 7 nous montre tout juste un grand « patron des vilains » et une scène avec un petit discours tenu par un chef trop argneux pour être inquiétant. Zéro inquiétude quand à la menace qui pèse sur les protagonistes.
Malheureusement, le manichéisme est loi ces temps.


Le fait que l’image de synthèse ne soit pas dominante est bien (le film est partiellement vendu sur cet argument) MAIS ils l’ont quand-même utilisée pour des personnages de 1er plan. Enorme erreur. Surtout pour des persos qui ne sont pas si bizzaroïdes que ça. Ils auraient pu utiliser des comédiens maquillés et réhausser le tout en numérique, comme pour la créature géniale dans le film très moyen « Splice ».
Quelques très beaux effets de style, comme l’allure et la façon de bouger du principal antagoniste Kylo Ren (image en tête d’article). Mais parfois le style prend le dessus sur le fond, ce qui n’aide pas à nous impliquer dans l’histoire.
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Pour le reste, c’est drôle, les gags sont bien sentis, pas lourds.
Le retour de Harrison Ford est un régal (comment il se comporte avec les autres, sa roublardise). Il pourrait jouer dans une comédie, ce serait hilarant.
Le visuel est impeccable, par moment exceptionnel (mais pas surprenant de la part du réal qui nous sort toujours de belles choses) et fourmille d’innovations qui rendent hommage aux premiers films tout en y apportant du sang neuf. De superbes combats aériens entre Tie-Fighters et X-Wings qui font Aaaaaahhhhh dans la tête.
Au final et 2 heures après sa première vision, un bon film qui n’ennuie pas. Un travail très honnête qui mérite d’être vu, qui est peut-être plombé par l’enjeu et le budget énorme. L’intérêt qu’il suscite vient essentiellement de cet univers créé par George Lucas. Et c’est un gros problème, car ils ont beaucoup trop compté sur ce qui a déjà été fait et ont oublié de créer quelque-chose. J’avoue que j’ai eu tort de penser qu’il était temps que le Père George laisse sa place. Aujourd’hui, je dis: bravo Mister Lucas. Il n’a pas eu son mot à dire sur ce film, peut-être aurait-il fallu le garder dans l’équipe. Rien de réellement neuf, à part les détails qui se basent ses idées.
La plupart des fans vont probablement adorer, sauf ceux qui savent rester critique et voir quand l’essentiel manque.


Une nuit après avoir vu « Star Wars ep. VII », Mon impression ne se bonifie pas.
Ce film est en fait le fruit d’un gamin talentueux qui s’amuse avec un jouet innofensif. Il s’amuse mais oublie que le jeu n’est pas l’essentiel, même s’il est un moyen pour y parvenir.
Les situations dramatiques qui surviennent durant le film ne fonctionnent pas, à cause d’une forme et d’un montage qui n’en laisse pas le temps. Il y avait du potentiel mais les événements arrivent et pif paf, on passe à autre chose. Les personnages ne semblent ne pas garder des traces de ce qu’ils ont vécu dans les scènes précédentes. Pire, vers la fin, * ** *, musique, suite et tout est oublié à part un regard un peu triste dans les yeux de *. Rien n’est ressenti, les persos ne joue pas ce que l’on attend à ressentir dans ce genre de situation. Du coup, tout passe sans nous toucher. Et à la fin, on en eu plein les yeux mais quasi rien dans les tripes.


Je crois que Star Wars n’aurait jamais dû avoir été adapté par un fan des originaux. A trop vouloir rendre hommage, se faire plaisir et faire plaisir aux fans, il se perd dans de la redite nostalgique un peu remise à jour.
C’est d’ailleurs peut-être un grand problème dans les films hollywoodiens ces temps, ils veulent se faire plaisir. Having fun revient souvent dans la bouche des réalisateurs de grosses productions. Quand Ridley Scott a pondu ses deux monuments de la SF Alien et Blade Runner, il ne s’est pas amusé, il a bossé comme un malade. Scott a lutté pour tenir le budget, sur Blade Runner, il a dû faire bosser son équipe et ses comédiens presque 24 h non-stop pour terminer le tournage juste avant une grève prévue. C’est d’ailleurs ce jour-là que Rutger Hauer a imaginé la réplique sublime que son personnage dit juste avant de mourir.
Cette manière de prendre à la légère le façonnage d’un film me dit que ce n’est pas comme ça qu’on crée des œuvres solides. Le temps où l’on racontait et de nous faisait vibrer avec des histoires qui nous passionnent est-il révolu?


Ici une page qui exprime en anglais très bien ce que j’ai ressenti à la vue de ce film. http://www.vox.com/2015/12/26/10664834/star-force-awakens-derivative
Extraits:
– Bien entendu, ces choses sont subjective. Mais pour moi, au cours du film, l’aspect «d’emprunt» est allé lentement de douce et nostalgique à discordante à un peu ridicule. Il m’a sorti du film.
– A présent, plus ou moins tout le monde a reconnu que Star Wars, épisode VII fait étroitement écho à Star Wars, A New Hope (l’original) – si étroitement, en effet, que « échos » ne fait pas tout à fait faire justice. Il emprunte la plupart de ses principaux points de l’intrigue de A New Hope (et quelques-uns de deux suites de ce film), saupoudrée de nouveaux personnages.
– Il y a beaucoup trop d’emprunts à compter comme un simple hommage.
– Quelle que soit la motivation pour le mimétisme Abrams, il a fait comme un conte paresseux, surtout dans le dernier tiers du film. En taillant si étroitement à la matière source, il a pu compter sur sa résonance émotionnelle pour combler les lacunes.
– La scène où la Résistance prévoit son attaque sur la mort de St … euh, Starkiller base est un bon exemple. Dans Le Retour du Jedi, il y avait un sentiment d’importance et de poids à cette planification. Comme Mon Mothma l’a gravement révélé, dans un des plusieurs moments dans ce film qui fait allusion à une vaste trame de fond, de nombreux Bothans sont morts pour sécuriser les informations.
La scène de la planification repose sur notre mémoire collective de cette scène pour toute sa puissance. Sinon, il n’y a presque rien à lui – de trouver comment faire exploser une arme de taille d’une planète prend moins de temps que la plupart des réunions se tiennent pour obtenir le travail de téléphone de conférence. C’est tout proche d’une parodie.
– Obviously these things are subjective. But for me, over the course of the movie, the « borrowing » aspect slowly went from sweet and nostalgic to discordant to faintly ridiculous. It pulled me out of the movie.
– By now, more or less everyone has acknowledged that Star Wars: The Force Awakens closely echoes A New Hope — so closely, in fact, that « echoes » does not quite do it justice. It lifts most of its major plot points from A New Hope (and a few from that film’s two sequels), sprinkling in some new characters.
– It’s far too much borrowing to count as mere homage.
– Whatever the motivation for Abrams’ mimicry, it made for some lazy storytelling, especially in the last third of the film. By hewing so closely to the source material, he was able to rely on its emotional resonance to fill in gaps.
– The scene where the Resistance plans its attack on the Death St… er, Starkiller Base is a good example. In Return of the Jedi*, there was some sense of significance and weight to that planning. As Mon Mothma gravely revealed, in one of several moments in that film that hints at a vast backstory, many Bothans died to secure the information.
The planning scene in The Force Awakens relies on our collective memory of that scene for all its power. Otherwise, there’s almost nothing to it — figuring out how to blow up a planet-sized weapon takes less time than most meetings take to get the conference phone working. It tiptoes close to parody.


https://ecosynth.wordpress.com/2015/12/16/la-guerre-des-etoile-fut-voici-star-wars/

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le 31 oct. 2017

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