Je n'ai pas encore vu le film. Pour info, un article du Monde sur les contraintes pesant sur les critiques cinéma dans la presse (ici, la version copiée sur le site du journal en ligne), je crois que c'est intéressant :
Comme quelques milliards d’êtres humains, la rubrique cinéma du Monde
s’apprête à découvrir le 7e film de la série inaugurée il y a
trente-neuf ans par George Lucas. Mais il nous faudra patienter
jusqu’au mercredi 16 décembre au matin, comme l’immense majorité des
Français.
Certes, la maison Disney – qui a racheté Lucasfilm en 2012 – nous a
proposé de voir Star Wars : le Réveil de la Force, mardi 15 décembre,
ce qui nous aurait permis de publier la critique mercredi dans le
journal (daté jeudi) et dans La Matinale. Mais les conditions que la
firme aux grandes oreilles rondes a mises à la venue des journalistes
à cette avant-première nous ont semblé inacceptables.
Comme il en va de plus en plus souvent pour les grosses sorties
hollywoodiennes, il y a d’abord cette débauche de précautions qui
confinent au grotesque : obtention d’un « QRcode d’accès personnel »
subordonné à la signature d’un formulaire d’accord contraignant, lieu
et horaire tenus secrets et communiqués la veille sur téléphone
portable, présence annoncée d’agents de sécurité équipés de jumelles à
vision nocturne, « embargo critique » jusqu’au mercredi 16 décembre, 9
h 01…
Il y a ensuite, plus essentiellement, la volonté affichée par le
distributeur de contrôler le contenu des articles rédigés après la
projection du Réveil de la Force. Le formulaire en ligne que doivent
signer les journalistes désireux d’y assister leur demande, en effet,
de « ne pas révéler d’éléments-clés de l’intrigue du film afin de
laisser intact le plaisir des futurs spectateurs ». Les critiques de
cinéma y sont invités à reconnaître « que toute révélation de [leur]
part concernant ce film à des personnes n’ayant pas assisté à la
projection, constituerait un préjudice pour Disney/Lucasfilm donnant
lieu à réparation ». Dans un mail accompagnant ce formulaire, les
expéditeurs vont jusqu’à enjoindre de tenir secrets « les liens
unissant les personnages ».
Mise au pas de la critique
De mémoire journalistique, aucune société de production n’avait ainsi
prétendu se mêler du contenu des articles de presse et des
conversations privées des journalistes avec leurs proches, en
brandissant de surcroît la menace de poursuites judiciaires. Tout cela
témoigne de la nature de l’entreprise Star Wars : il s’agit de
justifier aux yeux des actionnaires de Disney l’investissement
colossal, 4,4 milliards de dollars (4 milliards d’euros), qu’a
représenté l’achat de Lucasfilm. Chaque décision, y compris la mise au
pas de la critique, procède de cet impératif, plutôt que de l’envie de
créer ou de distraire.
Certes, on peut convenir avec Mickey que « spoiler » est un péché.
Mais si l’on ne parle ni de ce qui se passe à l’écran (l’intrigue du
film), ni des personnages qui le peuplent, il ne reste que les
paysages et les trucages. A mercredi, sur Lemonde.fr ou à jeudi dans
La Matinale et dans les pages du quotidien (daté vendredi), pour
parler de tout ce qui nous a semblé intéressant, ou pas, dans le film.