« Grâce à la Force, on arrive à influencer les esprits faibles ! ». J.J. Abrams et Lawrence Kasdan n’ont que trop bien appliqué le conseil du vénérable Obi-Wan Kenobi, à ceci près qu’ils ont abandonné la “Force” pour les charmes « plus rapides, plus faciles, plus séduisants » du Marketing…
Vous êtes des millions, la presse critique au premier rang, à avoir été abusés par cette arnaque monumentale — si grosse qu’elle engloutirait l’Etoile Noire et le Starkiller réunis ! —qu’est Star Wars VII : le Réveil de la Force… Ce film aurait eu meilleure grâce à s’appeler le Réveil de la Farce !
Alors c’est cela, ce que tout le monde attendait si fébrilement ? On vous sert un plagiat outrancier de l’épisode IV et un scénario aussi liquéfié que le sol de Dagobah, et voilà que d’une seule voix vous criez au génie ? Mais quelle sorte de fans êtes-vous ?! Et vous autres, prétendus experts du cinéma, d’ordinaire si prompts à la critique ? Qu’importe le navet, pourvu qu’il porte un nom célèbre et fasse lire vos papiers, n’est-ce pas ? Et votre discernement se ramollir sous les rafales électriques de deux Seigneurs Sith…
Croyez-moi, il m’en coûte d’écrire pareil pamphlet, moi qui ai tant aimé le chef-d’œuvre originel de Monsieur George Lucas et qui peine encore à croire que deux Brutus finiraient un jour par tuer César…


Face à la multiplication incompréhensible des panégyriques, j’ai fini par me dire que le plaisir des soi-disant fans et “professionnels” du cinéma devait être inversement proportionnelle au degré d’imagination de “Jolly Joke Abrams” et “Low risk” Kasdan, ces imposteurs pour qui le Septième Art se résume à 2h15 de vide intergalactique… Alors bien sûr, nos deux esbroufeurs ont essayé tant bien que mal de relever d’un geste le plus pesant des vaisseaux du cinéma — ce qui, je le concède, les excuse en partie — mais eux-mêmes n’ayant jamais réussi à y croire, « voilà pourquoi ils échouent ! », s‘affligerait Maître Yoda.


D’autres que moi, parmi les plus hardis, ont déjà fait savoir au lecteur prudent combien cet opus était effrontément calqué sur A New Hope. Je ne peux qu’accréditer leur bonne vue ! Et pourtant, malgré les évidents reflets dans le miroir


(Jakku/Tatooine, Rey/Luke, BB-8 et sa carte/R2-D2 et ses plans de l’Etoile Noire, Starkiller/Etoile de la Mort…)


, d’aucuns persistent à attribuer un caractère singulier et hautement novateur à ce que leurs yeux ont enregistré… Qu’y puis-je?
Pis, la plupart considérent les “nouveaux héros” Finn, Rey et Poe Dameron, comme des personnages riches et hauts en couleur, quand en réalité ils ne font que déposséder Luke Skywalker et Han Solo des multiples facettes qui faisaient leurs personnalités respectives… pour mieux se les approprier ! Ainsi, Poe reprend à son compte à la fois la désinvolture de Han et le talent de Luke pour le pilotage. Rey hérite pour sa part de l’esprit aventureux du jeune Luke (et du background qui va avec, tant qu’à faire !) et de la débrouillardise du célèbre contrebandier. Finn,


dont le seul véritable intérêt procède de son statut de stormtrooper repenti


, semble partagé entre « le mec qui a envie de jouer du sabre » et « le gentil renégat qui drague la princesse ». Bref, en d’autres termes, pourquoi inventer de nouvelles recettes, quand on peut faire trois omelettes avec deux gros œufs ?
J’aimerais également préciser à nos deux marchands de rêve que l’émotion n’est pas un commerce !


Si le « Je suis ton père » d’hier nous mettait en émoi, il est peu probable que le « Je suis ton fils » d’aujourd’hui ait autant d’impact… Surtout quand ce dernier surgit dès la première demi-heure ! Qui va croire au chagrin de Han et de Leïa quand à aucun moment dans le film, on nous montre la lente et douloureuse détérioration d’un amour filial ? Sans ce nécessaire passif, comment pourrions-nous saisir tout le tragique d’un fils assassinant son père ? La scène sonne faux, archifaux ! Et l’on est presque soulagé pour Harrison Ford de s’être ainsi libéré de l’abîme dans lequel on a jeté son personnage — au sens propre comme au figuré. Quel dommage ! Sur deux heures et quelques de film, nous aurions volontiers troqué les efforts de C3-PO pour justifier une mauvaise traduction de son nom, contre quelques flashbacks bien placés sur la décadence de Ben Solo…


A ces insuffisances narratives, témoignant d’un manque cruel d’intelligence cinématographique, s’ajoutent une nuée d’incohérences scénaristiques, dont l’exhibition sans complexe ne semble avoir choqué qu’une poignée d’entre nous. Ainsi, ceux-là même qui étaient autrefois des rebelles face à un vaste empire despotique, sont aujourd’hui majoritaires au sein d’une République restaurée. On comprend donc tout l’intérêt qu’ils ont à continuer de “résister”…


Le Starkiller — dont le nom, au passage ne va pas chercher plus loin que celui prévu originellement pour Luke… — a pu se construire au vu et au su de la Nouvelle République, sereinement pendant 30 ans. Oui, je parle bien de la station spatiale de combat aussi grande qu’une étoile supermassive qui, au mépris de la physique la plus élémentaire, absorbe des soleils entiers en pressant sur un bouton rouge...


Selon toute vraisemblance, il est manifestement plus facile pour nos héros improvisés de détruire une station lorsqu’elle est achevée, opérationnelle et sous bonne garde que lorsqu’elle est en construction… Mais c’était sans compter sur l’habileté de nos « Résistants » qui entre deux tasses de thé on su trouver les failles d’une base planétaire surpuissante, là où des plans techniques complexes étaient hier indispensables pour réduire à néant la minuscule Etoile Noire…


Les torsions faites à la logique sont légion et pourraient rivaliser en nombre avec les sbires du « Premier Ordre ». Le seul point qui trouve grâce à mes yeux dans cet opus est un recours moins systématique aux effets spéciaux. Et encore… Maz Kanata n’a pas la présence charnelle d’un Yoda !


Vous l’aurez compris, ma déception est immense face à ce spectacle affligeant que nous ont vendu en chœur le matraquage marketing et le battage médiatique. Si cette saga légendaire a bien jadis porté la marque d’un talent authentique et inaltérable, lequel forçait l’admiration de tous, c’était hélas « il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… »
Sylvain R.


RENDEZ-VOUS EN 2017 POUR "THE FIRST ORDER STRIKES BACK" !


où l'on apprendra que Luke accepte tant bien que mal de former Rey (mais a-t-elle encore besoin de formation ?), parce qu'elle a du sang Skywalker dans les veines, parce qu'elle représente "un nouvel espoir" pour l'ordre Jedi et la République et parce qu'elle est la seule à pouvoir ramener Ben Solo du bon côté. Pendant ce temps, Finn n'aura de cesse de fuir ses poursuivants. Pris en chasse par la redoutable Captain Phasma, la "Bobbette Fat" (j'ai osé !) de la postlogie, notre gentil stormtrooper sera probablement capturé puis torturé, pour attirer Luke et Rey dans un piège. Mais fort heureusement, Poe Dameron, le meilleur pilote de la galaxie et nouveau partenaire de choc de Chewbacca, sera là pour leur venir en aide à bord du légendaire Faucon Millenium...


EDIT : Voilà qui me conforte dans mon appréciation ! Le créateur lui-même se sent trahi, mais sans trop pouvoir en dire, au risque de s'attirer les foudres d'un monstre économique et juridique surpuissant...


Dans une interview donnée à la chaîne américaine PBS, George Lucas a sévèrement critiqué le septième volet réalisé par J.J. Abrams et produit par Disney.
«J'ai vendu mes enfants à des marchands d'esclaves», a-t-il lâché devant la caméra. Le cinéaste regrette le manque de créativité de la nouvelle équipe, estimant que ce septième épisode est très similaire à Un Nouvel espoir, le quatrième épisode de la saga sorti en 1977. «Ils voulaient faire un film pour les fans. Faire un film rétro. Je n'aime pas ça. Je travaille très dur pour que chaque film soit différent», a-t-il expliqué, sans cacher sa déception pour ce nouveau volet.
George Lucas avait fait quelques propositions à la production pour cet épisode VII, avant d'être rapidement écarté: «Ils n'avaient pas très envie que je sois impliqué dans les nouveaux films, poursuit-il. Si j'y étais allé, je n'aurais causé que des problèmes, parce qu'ils ne faisaient pas ce que je voulais qu'ils fassent. J'aurais tout foutu en l'air.»
Source : LeFigaro.fr

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le 20 déc. 2015

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