La saga "Star Wars", en créant littéralement le genre du blockbuster avec les premiers films de Spielberg a, à la fois donné une nouvelle direction plus mercantile aux grosses productions hollywoodiennes (le merchandising rapporte généralement plus que le film en lui-même) mais a aussi su s'affranchir, au fil des décennies, des codes inhérents à ce genre de films. En clair, un cliché, qu'il soit dans la mise en scène (les vastes batailles aux environnements alternés ou le côté space opera des bastons au sabre-laser) ou particule de l'intrigue (les gens qui vont et viennent des deux côtés de la force par exemple), s'il fait partie de l'univers "Star Wars", ne se retrouvera jamais ailleurs ou alors sous la forme de copie-parodie où la référence sera voyante.
Pourquoi en passer par là avant d'aborder frontalement la critique du film? Tout simplement parce que Rian Johnson, metteur en scène de l'excellent "Looper", a eu la judicieuse idée de respecter ces codes mais aussi de les prendre à contre-pied. Comme "Le Réveil de la Force", "Les Derniers Jedi" est marqué par l'héritage de la première trilogie sortie au cinéma et plus particulièrement de "L'Empire contre-attaque". Pourtant, si la traque des Rebelles par le Premier Ordre et la rencontre entre Rey et Luke Skywalker nous rappellent évidemment le schéma narratif de ce qui est sans doute le meilleur épisode de la saga, la façon de traiter l'ensemble est radicalement différente.
Dans sa première séquence tout d'abord, bataille spatiale époustouflante qui se fait le miroir déformant de la bataille de Hoth, "Les Derniers Jedi" invite à la surprise et si, du coup, le rythme se fait un peu mollasson dans la première moitié du film, c'est pour mieux nous offrir une dernière heure explosive et renversante. Et c'est là que le film nous offre un coup de théâtre génial allant à l'encontre de toutes les spéculations qui allaient bon train sur le net depuis deux ans. Des idées simples mais tombant sous le sens pour créer une boucle cohérente et magnifique entre les 9 épisodes qui sera, on l'espère, fermée de la meilleure des manières dans le dernier film.
Le retour de Mark Hamill, surprenant en jedi désabusé, est a marqué au fer rouge tant on ne s'attendait pas à un retour aussi fracassant. Mais le ton est loin d'être au drame. Contrairement à l'épisode V, cet opus se veut beaucoup plus rafraîchissant en agrémentant le film de séquences assez drôles. Malheureusement, c'est aussi et sans doute le gros point noir du film. Ces partis-pris comiques ne permettent pas de rester sur le ton épique que l'on attendait de cet épisode, d'où des moments de flottements ou des protagonistes inutiles ralentissant parfois l'histoire.
En redressant la barre pour ne pas tomber dans l'hommage pur et dur de la première trilogie ayant vu le jour au cinéma, "Les Derniers Jedi" ramène un souffle de fraîcheur qui porte le spectateur vers un tourbillon de frissons nostalgiques lorsque retentit les notes les plus connues de la galaxie au moment de scènes intenses propices à l'éblouissement et faisant la part belle aux révélations excitantes dignes plus grandes tragédies. Espérons que le prochain opus suivra cette voie pour que l'équilibre de la galaxie, depuis trop longtemps tourmenté, soit à nouveau restauré.