Dans l'espace de Star Wars, on vous entendra crier (de déception)

C'est plein d'enthousiasme à l'époque que je me suis dirigé vers la salle de cinéma pour aller
voir les Derniers Jedis. Bien que de facture assez classique et ne prenant pas trop de risques, l'épisode 7 avait été une très agréable expérience après le souvenir affreux de la trilogie précédente que sont les épisodes 1, 2 et 3 de triste souvenir.


De plus, j'avais aussi vu Rogue One qui m'avait transporté tant l'univers de Star Wars était respecté tout en apportant de nouveaux personnages et des aventures différentes de celles de la famille Skywalker. Le ton était sérieux mais avec quelques touches d'humour, de belles images, une mise en scène impeccable, pas de faux raccords grossiers (même si il y en a quand même quelques uns), des personnages à la fois cohérents, compétents et très humain, bref, quasi tout bon.


Comme écrit plus haut, le visionnage des Derniers Jedis était donc sous les meilleurs augures.


Quand je suis sorti de la salle, quelques heures plus tard, cet enthousiasme était sérieusement ébranlé. Je ne savais pas trop ce que je venais de voir en fait.
- Un thriller sous les traits d'une poursuite infernale?
- Une comédie tarte-à-la-crème avec les aventures de Finn?
- Une romance gnan-gnan avec Rose?
- Une critique de la guerre avec les riches industriels qui vendent des armes aux deux camps?
- Un film pour les fétischistes de l'humiliation avec le personnage de Luke Skywalker?
- Un nanar à la Mortal Kombat avec la survie de Leia et la mort de Snoke?
- Un film de prévention sur les conséquences majeures que peuvent avoir des personnes incompétentes placées à des postes de décision dans une structure hiérarchique?
- Un épisode filler de Dragon Ball?
- Un remake de Battlestar Galactica?


Non, le problème, c'est que les derniers Jedi, c'est tout cela en même temps, et que ce bloubiboulga nous est servi comme véhicule à la poursuite du voyage initiatique de Rey. Mais là ou JJ Abrams avait pris soin de jalonner des intrigues et des cliffhangers pour la poursuite de la trilogie, Rian Johnson (maudit soit son nom) prend un malin plaisir à tout planter dans le mur de manière définitive avant de passer à SON histoire.


Faisant fi de tout ce qui a été écrit avant, Rian recommence certaines histoires qui ont déjà été réglé dans l'épisode précédent (Rey se détachant de ses parents, Finn parvenant à dépasser ses peurs pour prendre part au combat contre le Premier Ordre) et les explore de nouveau, mais dans une mise en scène différente et il faut bien l'avouer, très grossière.


Le prémice de l'amitié / affection qui s'est développé entre Rey et Finn pendant tout l'épisode 7 (qui se termine avec Finn grièvement blessé en défendant Rey contre Kylo, je le rappelle) est complêtement passé aux oubliettes, les deux protagonistes ne se voyant quasiment pas de l'épisode 8. La romance, elle, est oubliée, remplacée par l'histoire d'amour la plus gnan-gnan qui m'ait été donné de voir depuis des lustres au cinéma.


Rey, qui part remotiver un Luke Skywalker en exil qui a bien pris soin de laisser une carte pour être retrouvé au cas ou, est bien décue de trouver celui-ci dans un état que certain qualifierait de dépressif, mais qui a l'écran se traduit plutôt par un personnage digne de the Hangover.
Elle finira d'ailleurs par se passer de lui et partira avec (un stock shot de) Chewbacca pour aller sauver la flotte rebelle... euh de la Résistance, enfin, ce qu'il en reste. Chose qu'elle fera brillament d'ailleurs, ayant surpassé le niveau de tous les protagonistes précédents de la saga dans tous les domaines en 1 semaine.


Pendant tout ce temps, on assiste à la poursuite intergalactique la plus ennuyeuse du cinéma moderne.... Une flotte de 150 vaisseaux donne la chasse à la flotte rebelle. Les forces en présences?


Rebellion: Une demi-douzaine de navires principaux, une soixantaine de chasseurs et bombardiers légers, entre 4 et 10000 hommes à bord.


Premier ordre: 1 méga croiseur interstellaire, 50 ou 60 croiseurs interstellaires, 10 000 à 15 000 chasseurs et chasseurs bombardiers, 2,7 millions de soldats.


Et pourtant, ces derniers ne "peuvent rattraper la flotte rebelle qui est trop rapide!" (mais qui reste juste à portée de l'artillerie, pour les effets visuels) et "refusent d'engager les chasseurs parce que ce serait trop risqué pour eux!" (la scène précédente a montré que la flotte rebelle était impuissante face à 3 appareils légers).


Du coup, ca dure, et ca dure, et ca dure, et on a l'impression furieuse d'assister à un remake à 200 millions de l'épisode "33 Minutes" de Battlestar Galactica sorti en 2003, mais en nettement moins bien écrit.


Bref, spoil de fin, les gentils rebelles "gagnent" malgré tout (facons de parler, les inepties précédentes leur ayant couté 99% de leurs forces et matériel) grace à une piroutte scénaristique et la surpuissance de Rey, et clap de fin, on vous attend pour l'épisode 9.


BREF! Après avoir pris le temps de la réflexion, finalement, ce film est a qualifier en temps que bouse absolue, à ranger au même rang que Prometheus pour les raisons que je vais lister ci-dessous.


Jeu d'acteur: 6/10: Rey, Finn, Poe, Luke, Leia, tous jouent très bien leurs rôles. Mais les seconds rôles sont mauvais ou cabotinent clairement. L'amiral Holdo, Rose, même Benicio del Toro ne sont pas au niveau. Hux est ridicule, et Kylo, toujours dans son rôle d'émo mal aimé ne porte absolument pas le film et font grincer des dents à chaque apparition.


Scénario: 1/10:


Plusieurs raisons à cela. La première étant bien sur que Rian Johnson veut "tromper les attentes" et fait fi de tout ce qui a été écrit précédemment (et en cela je veux dire les épisodes 1 à 7, les séries animées, les bouquins, etc.) Il veut écrire son histoire DANS l'univers Star Wars mais n'en respecte ni les règles d'unités de temps, d'espace, de lieu, de personnages, de ton...


Il doit aussi meubler les 2 heures 44 que dure le film. Nous aurons donc droit à des quêtes secondaires !
Etape 1: Rendez-vous à la planête Casino et cherchez y le Collectio.... EUUUH, le Maître des Clefs!
Etape 2: Oh non! Vous allez en prison pour MAUVAIS STATIONNEMENT (sérieux, c'est vraiment la raison dans le film).
Etape 3: Evadez-vous et trouvez un vaisseau. Objectif bonus: Libérez les pauvres animaux, mais pas les esclaves humains.
Etape 4: Revenez à votre point de départ et infiltrez le vaisseau ennemi.
Etape 5: Sabotez le MacGuffin.
Etape 6: OH NON! C'était un (Jim le) TRAITRE!
Etape 7: Grace à un concours de circonstance, évadez-vous de nouveau...
Et ca dure et ca dure et ca dure et encore et encore et encore.


En parallèle, on a une histoire de conflit de commandement à deux balles entre Poe et sa supérieure qui refuse de communiquer son génial plan de sauvetage et qui se termine par une mutinerie pathétique... Bref, ca meuble sévère quand on sait que le but du film, c'est avant tout de suivre le voyage initiatique de Rey.


Cela fait très film amateur, ou mauvaise fan-fiction dont les différentes parties auraient été écrites entre de longs intervalles, par de nombreux auteurs différents, qui ne connaissent pas Star Wars et qui s'en auraient fait une idée en écoutant 2 passionnés en parler dans un bar bruyant. Le résultat est très décousu et ne s'intègre pas du tout dans la fresque commencée en 1977.


1/10 pour le non-respect des règles établies de l'univers de Star Wars.


Certes, il y a la Force, mais elle évolue dans un univers ou les dégats sont réalistes. Si vous êtes touché par un laser, vous êtes blessés ou tués. Si un explosion se produit dans votre cockpit, idem. La Force ne vous "protège" que dans une certaine mesure, comme pour Luke lors de la destruction de la première étoile de la Mort.
Dans l'univers de Rian Johnson, en revanche, les lois de la physique des films de super-héros Marvel s'appliquent. La Princesse Leia se prends deux torpilles à Proton en pleine face et est expulsée dans la froideur de l'Espace? Que Nenni! La Force la protège et lui permet de retourner, telle Mary Poppins, à l'intérieur du vaisseau et de s'en tirer sans une égratignure (un pouvoir dont ne disposait ni Vador, ni Mace Windu, ni même l'Empereur, soit dit en passant). Il faut bien dire que cette scène avait sa place dans Guardians of the Galaxy 2 (ou bien à Bollywood), mais pas dans Star Wars.


1/10 pour le non-respect des personnages établis et leur inconsistence avec les actions vues précédement.



  • Finn passe d'un héros rebelle au bouffon de service. Dans TFA, sa dernière action avant d'être plongé dans l'inconscience est de combattre Kylo Ren pour protéger Rey et il se fait PILER et blesser grièvement. Il se réveille et "TROP LOL Y A DE L'EAU QUI FUIT DE PARTOUT COMME DANS UN DESSIN ANIMÉ C'EST TROP DRÔÔÔLE !!!" De plus, le pauvre se retrouve avec un personnage horipilant, un second-couteau refilé à Finn pour les audiences chinoises, qui se retrouve avec une personalité de Kikoolol trop drôle.


  • Poe devient un mutin à trois francs que tout le monde critique dans la flotte et est dégradé pour avoir mener une action de protection de la flotte qui, certes, à couté de nombreux vaisseaux légers de l'Alliance, mais qui a éliminé la plus grosse menace connue contre la flotte rebelle à l'instant T! L'amiral "Etudiante Arts Modernes" elle perd TOUTE la flotte dans son action débile mais est considérée comme une héroine! Hip-hip Hourrah!


  • Rey est plus Mary Sue que jamais. Tout lui réussit du premier coup. Elle s'entraîne environ 2 ou 3 jours avec Luke et ca y est, elle domine complêtement tout Jedi ou Sith rencontré. Elle recommence LE MÊME ARC de développement observé dans le film précédent: Qui suis-je, ou vais-je, et se retrouve avec la même conclusion: "J'ai pas besoin de savoir qui sont mes parents pour être quelqu'un quand même". Avant d'aller tataner encore une fois tout le monde, que ce soit avec un sabre ou aux commandes d'un vaisseau spatial. Rey n'est "personne" mais domine dans absolument tous les domaines. Mais sans le voyage du "héros" pour justifier l'acquisition soudaine de ses talents. A part 2 jours d'entraînement.


  • Snoke: Qui est-il? D'ou vient-il? Il est sensiblement plus puissant que Palpatine dans ce qu'il montre de sa maîtrise de la Force. Vu son âge, il était déjà là pendant la Guerre des Clones, mais pas un Sith, puisqu'il ne peut y en avoir que 2 en même temps. Pas grave, nous ne le saurons jamais, il crève en 3 secondes dans sa robe de chambre Hugh Heffner style....


  • Luke? Il est en contradiction TOTALE avec la version de Georges Lucas. Brisé, abandonné, en "exil" (histoire de copier Yoda dans l'Empire Contre Attaque). Il n'assume pas ses actes et l'explication de "j'ai instinctivement sorti mon sabre au dessus de Kylo et au fait c'est juste un malentendu"... Putain mais c'est nul. Et ensuite, il meurt de fatigue, fait qu'apparemment l'acteur lui-même ignorait dans le film! Probablement parce qu'il critiquait trop le traitement de Disney...
    Et Mark Hamill est clairement choqué (regarde sa tête à la conférence de presse post-première) du traitement de son personnage.


  • Leia est la seule personne à peu près cohérente avec son personnage. Mais les évènements cités précédement cassent aussi son personnage. D'une personne simplement sensible à la Force, elle devient le plus puissant des Jedi connu.



1/10 pour le respect de l'univers de Star Wars au niveau des batailles de l'espace:



  • Raison d'être du film: Une poursuite intergalactique de 2 heures 40. Comme cité plus haut, on repompe Battlestar Galactica, mais va falloir meubler. Donc, l'Empire (enfin, le Premier Ordre) devient complêtement inepte à mener une bataille. Malgré l'écrasante supérioritée numérique ET le totale dédain qu'il montre pour la vie de ses troupes, sans compter l'accès à des ressources illimitées pour remplacer ses pertes matériels, le premier Ordre n'envoit pas sa flotte régler le problème en 5 minutes, quitte a perdre 500 chasseurs, et encore. Du coup on a le droit a des tirs de lasers... courbe. Parce que les lasers, maintenant, ca subit la gravité dans l'espace (mais relative à quoi???).

  • La flotte rebelle, malgré le fait qu'elle soit traquée, arrive a balancer un vaisseau par-ci par-là qui quitte la flotte est revient sans cesse. On aurait pu disperser les vaisseaux et évacuer mais non, on reste bin groupé à se faire descendre un par un.

  • L'invention du missile Hyperspatiale. Avec cette technologie, Rian Johnson nous montre une scène visuellement impressionnante, mais il vient de rendre toute technologie de combat spatiale et toute doctrine, stratégie et tactique complêtement obsolète. J'attends des missiles hyperspatiaux à tout va dans les prochains films ou bien les ingénieurs et officiers sont de vrais abrutis de ne pas les mettre en oeuvre dans de futures batailles.


  • Le plan stupide de l'amiral Arts du Spectacle qui fait la gueule à son officier de chasse comme une caricature de femme faisant une crise (NAAN J'AI PAS À T'EXPLIQUER SI TU FAISAIS ATTENTION À MOI TU SAURAIS!!!) et qui condamne 100% de sa flotte et 99,9% du personnel de son armée ! (je rappelle que l'entièreté de la flotte de la Resistance tient sur le Faucon Millénium, doit pas rester bien plus que 30 pelés) et qui justifie les 2/3 de la durée du film, juste parce qu'elle refuse de communiquer son plan ! Mais Didiou!, quel officier supérieur se permettrait ce genre de comportement suicidaire!



1/10 pour le ton sans cesse changeant de l'oeuvre:


L'humour potache est inséré à tout va dans l'oeuvre. Une scène épique se déroule, c'est sérieux comme tout, musique, violons, on doit ressentir quelque chose... ET PAF!
- Finn qui fuit de partout!
- Poe qui fait des blagues sur la Maman de Hux!
- Snoke mort qui tire la langue!
- Fer à repasser de l'espace!
- Luke qui jette négligeament son sabre laser par dessus l'épaule!
- Chewbacca et les Porgs!


Des blagues digne de Spaceballs qui viennent détruire chaque semblant de drame se batissant dans l'histoire. Même les Avengers ne font pas de blagues aussi bas de plafond pendant leurs films, et Dieu sait que l'humour fait partie intégrante du MCU.


Je pourrais continuer comme cela pendant des heures, mais cela ne rajouterais rien de plus.


Pour résumer:


Les Derniers Jedi est de la fan-fiction très mal écrite avec un budget de 200 millions de dollars pour le retranscrire à l'écran. Il bafoue tout ce qui a fait de Star Wars une saga intéressante et m'a personnellement dégouté d'aller voir de futurs films tant que ce genre d'écrivain sera aux commandes. Je déconseille fortement à tout fan de Star Wars.


Je ne pensais pas sincèrement qu'on pouvait faire pire dans Star Wars que Jar-Jar Binks, et TLJ m'a prouvé le contraire.


Disney à fait de lui cet adage de Coluche: "Je suis capable du meilleur comme du pire, mais dans le pire, c'est moi le meilleur!"

Oktoberfest
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le 4 janv. 2018

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