Lors d’un moment particulièrement « meta », Kylo Ren enjoint Rey à cesser de se tourner vers le passé. Une remarque on ne peut plus savoureuse, dans un film qui ne cesse de régurgiter tous les tropes chers à Star Wars et aux blockbusters de ces 10 dernières années, sans parvenir à se renouveler.
Tout comme The Force Awakens, la plupart des scènes clefs ne sont qu’un gigantesque remix des scènes cultes de l’ancienne trilogie : bataille de Hoth, confrontation dans la salle du trône de l’Empereur etc. À ceci près que s’y ajoute une dynamique pas bien subtile entre ados en construction (Hux / Kylo / Rey) - et leurs maîtres - tout droit sortie d’un Harry Potter. Sans oublier une profusion de scènes avec des créatures - prétextes à diverses scènes d’action et/ou gags - que ne renierait pas un Jurassic World. Et dont on suppose que la raison d’être est aussi de pouvoir refourguer une tonne de nouveaux jouets / peluches à l’effigie de ces nouveaux Ewoks.
Alors vous allez me dire « oui mais les aliens rigolols, ça a toujours fait partie de Star Wars ». Et vous auriez raison. Le problème, ici, est plutôt dans le dosage et la manière dont ils sont amenés. Il y en a juste partout, comme si chaque scène devait maintenant en avoir un, puis comporter une séquence émotion et un passage action. Et cela est symptomatique de tout le film : on assiste à une parodie de la recette Star Wars. Tous les éléments sont là, mais dosés n’importe comment, créant des changements de tonalités incessants et des situations grotesques (Kylo Ren dont le prominent torse-nu embarasse Rey lors d’un échange télépathique ; Skywalker qui trait les mamelles d’une créature grotesque avec un air bravache etc.). Bref, une sorte de Spaceballs qui se prendrait au sérieux. Et dont le côté camp serait totalement involontaire, alors qu’on le retrouve pourtant à tous niveaux (y compris dans des choix de grammaire cinématographique, par exemple lorsque les star destroyers arrivent dans l’espace en faisant un gros « woosh », que les rebelles entendent même depuis la surface de leur planète...).
Parmi les quelques rares éléments à sauver de ce naufrage : la tentative d’ajouter une couche de stratégie et de vraisemblance aux affrontements spatiaux, directement inspirée des batailles navales (mais dont l’ancrage dans le réel est vite mis à mal : comment une seule personne peut-elle piloter un croiseur lors d’une mission suicide ? Et si tel est le cas, pourquoi la rebellion n’emploie-t-elle pas massivement cette tactique ?). Et le choix de faire de Skywalker un vieux bourru et de Rey une « nobody », même si cela est très maladroitement amené entre deux gags et jamais vraiment exploité ensuite.