[AVERTISSEMENT : Spoilers Zone]


Compte tenu de l'environnement critique qui entoure ce huitième volet de la saga de George Lucas et dirigé par Rian Johnson, je me suis dit qu'il fallait bien que je couche sur papier numérique mon avis assez enthousiaste à chaud, comme à froid. Précisons tout de suite quelque chose qui est déterminant dans cette impression globale : j'avais acheté deux tickets de cinéma, un pour moi et un autre pour mon âme d'enfant, prête à en prendre plein les yeux en se goinfrant de madeleines subjectives sur la partition de John Williams.
Un mois après sa sortie, il est acquis de ce Star Wars : Les Derniers Jedi ne fera jamais l'unanimité, quand bien même il trouvera réponses à des éléments disséminés ici et là dans sa suite...


Bref, dans une galaxie lointaine, très lointaine, Le Premier Ordre continue sa traque d'un dernier groupe de rebelles mené par Leïa, Rey a trouvé Luke Skywalker sur sa planète éloignée et Kylo Ren est plus que jamais soumis au Suprême Leader Snoke. Une introduction assez spectaculaire dans sa mise-en-scène s'en suit avec Poe en tête brûlée qui manie le X-Wing mieux quiconque et une plongée dans l'espace assez enivrante. Mon âme d'enfant a les yeux qui pétillent et ça me ravit déjà de la sentir ainsi.


On sent rapidement la volonté de Rian Johnson de porter le récit vers d'autres sommets et ne pas forcément s'appuyer que sur de vieux préceptes antiques. Tiens, ça nous renvoie étrangement à l'une des pensées qui poussera Luke à sortir de sa retraite spirituelle...
Car oui, notre bon Skywalker a du mal à digérer l'échec de la formation de Ben "Kylo Ren" Solo et c'est en vieux bougon et ermite qu'il mène sa vie et se refuse de prime abord à évoquer tout ce qui a trait à la Force et aux Jedi avec Rey, pendant que Chewbacca vit de Porgs et d'eau fraîche dans sa nouvelle condition de chauffeur Über intersidéral.


Là où l'on pouvait trouver moult similitudes entre les volets IV et VII dans leur conception et la volonté de JJ Abrams de revenir à des standards moins capillotractés que la prélogie, Les Derniers Jedi prend le pari - réussi à mes yeux - de faire évoluer la Force, ses personnages, quitte à laisser les puristes duristes sur le bord de la route. Et grand bien lui en fasse, car quel serait l'intérêt de faire ce qui a déjà été fait ?


Alors, oui, certaines scènes en particulier peuvent apparaître comme "choquantes" aux yeux de certains, les mêmes allant même jusqu'à user de l'argument aussi stupide qu'un tweet de Trump : "C'est la faute à Disney !". Est-il utile de rappeler que l'exil de Luke est une idée de Lucas, que la plupart des utilisations de la Force ont déjà été vues par le passé, que les nouvelles ont été adoubées par Kathleen Kennedy de LucasFilm et collaboratrice de Dieu le Père (l'ami George) ?On sait depuis les années 80 que Leïa de par son héritage est aussi capable d'utiliser la Force, le fait qu'elle en fasse un usage inédit dans un cas de survie plus qu'extrême est assez judicieux et ouvre, selon moi, grand la porte à des capacités inédites évoquées par Yoda à plusieurs reprises. Bref, voir en la firme qui vient de racheter la Fox le côté obscur n'est ni valable, ni intelligent à mes yeux.


Certains avancent également la trahison du personnage de Luke Skywalker, la mort prématurée de Snoke, l'étonnante faculté de Rey à maîtriser la Force sans formation idoine et le manque d'informations sur son ascendance familiale, l'humour parfois potache (on ne voit finalement pas tant que ça les Porgs, hein), etc. Revenons sur ces éléments narratifs, donc.


J'ai personnellement vu en Luke quelqu'un de profondément marqué par l'échec, celui de la formation de Ben Solo, mais aussi d'avoir réussi à maintenir l'équilibre de la Force ou bien encore l'héritage familial une fois de plus tourné vers le côté obscur. Il balance par-dessus son épaule l'emblématique sabre d'Anakin que lui présente Rey ? Subtil coup du réalisateur pour montrer justement que le passé est derrière et qu'il faut s'en affranchir pour évoluer. Son caractère peu enclin à l'optimisme des Jedi ? Vu tout ce qu'il a subi, le développement personnel n'est pas forcément sa priorité du moment. Et l'ensemble de ces éléments réunis vont finalement servir la progression du personnage jusqu'à l'étincelant final. J'y reviendrai.


Au grand dam de ceux qui voyaient en Snoke le bad ass de cette trilogie, voilà leur théorie identique à ce Leader Suprême : coupée en deux par Kylo. Là où Papy restait le garde-chien de Palpatine, lui démontre une réelle volonté d'être au commandement de l'anéantissement des Jedi et j'ai à plusieurs penser que le choix d'Adam Driver trouvait dans ce volet une justification concrète au choix de l'acteur, sous ses airs de garçon manquant de charisme sans son masque et qui gagne grandement en épaisseur tout au long de ce volet.


Rey parait presque secondaire dans ce volet après son omniprésence de Le Réveil de la Force et il nous apparaît comme étonnant le maniement de la Force et du Sabre Laser aujourd'hui. Mais dans le VII, elle est justement présentée comme assez iconoclaste. Honnêtement aussi, comment croire que Kylo lui dit la vérité lorsqu'il parle de ses parents quand le but est justement de la manipuler vers le côté obscur ? Je suis prêt à parier sur la naïveté de mon âme d'enfant que cela sera pleinement éclairé dans le IX.


En parlant de mon âme d'enfant, c'est avec des frissons et des larmes aux yeux que je l'ai vue lors de l'apparition de Yoda, à l'ancienne, celui qu'on avait quitté sur Dagobah il y a bien trop longtemps. Rien que pour ce moment entre Luke et lui, j'avais envie de baiser les pieds de Rian Johnson.


Cette critique n'est-elle donc qu'une justification de celles émises par d'autres ? Possible dans un sens. Mais des défauts, Les Derniers Jedi en a. Sa durée d'abord. Réussir à tenir en haleine un volet d'entre-deux tours peut être un exercice compliqué et on aurait pu raccourcir plusieurs moments de jeu de Touché Coulé entre le Premier Ordre et la Rebellion, d'autant que le dernier acte est jouissif visuellement et artistiquement.
Le personnage de Poe Dameron manque un peu de relief selon moi aussi, et reste trop sous perfusion de Guronsan tout au long. Certes, cela met en perspective Leia et sa - courte - successeure, mais calmez légèrement le garçon à l'avenir. Un peu comme le Général Hux qui donne souvent le sentiment de n'être qu'un cliché et loin du côté malsain de Tarkin par exemple.


Des moments mémorables comme ont pu en avoir les autres volets de la saga, Les Derniers Jedi en a pléthore. Ne serait-ce que la séquence d'ouverture, le fight général lors de la mort de Snoke, la scène d'évasion de Canto Bight - tout en glissant un plaidoyer pour la cause animale qui plus est -, ou bien encore la survie de Léïa, le sacrifice de l'hyperespace, et bien évidemment tout le dernier acte avec l'arrivée de Luke et son affrontement avec son neveu. Rien que d'y penser, mon âme d'enfant en a encore des frissons...


Finalement, ce qui pourra mettre définitivement en orbite ce volet transitoire d'ores et déjà réussi, c'est ce qui nous attendra dans l'ultime narration sur la famille Skywalker. Il y a tant de choses qui sont désormais du domaine du possible entre résurrection de la Force, dimension biblique, etc... Certes, l'évidence nous conduit droit à un affrontement final entre Kylo Ren et Rey - Luke y reprenant le flambeau du mentor fantôme laissé vaquant par Obi Wan mais j'ose espérer de l'inattendu à bien des niveaux. D'une part pour faire table rase du passé, réconcilier les uns et les autres, mais aussi pour que mon âme d'enfant ne meure jamais et continuer à rester éveillée...


PS Mark Hamill, je t'aime. Quel grand acteur tu es !

Angel
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le 15 janv. 2018

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