Si on veut de la nouveauté et un moment de cinéma transcendantal, c'est pas dans une suite d'une saga de blockbusters familiaux produite un peu à l'arrache par Disney, qu'on va trouver ça (d'ailleurs arrêtez parce que vous m'énervez, si vous voulez voir des choses qui vous retournent les tripes, matez Tarkovski et consorts et pas "Wonder Woman", merci - ou Denis Villeneuve, je ne fais pas de divertissement-bashing, mais bizarrement il n'y avait personne en salle pour son très bon "Blade Runner" - fin de la parenthèse).
Donc, ce que j'ai vraiment aimé et qui fait pour moi de cet épisode un bon épisode : Kylo Ren, mon gars sûr depuis le début envers et contre tous, excellent personnage qui trouve toute sa puissance dans cet opus ; l'humour, un peu en deçà du "Réveil de la Force" (car encore plus franc dans un contexte paradoxalement plus sombre), mais plutôt maîtrisé au final, qui permet aux séquences cheesys citées plus haut d'exister sans casse et enfin, tous les moments de bravoure / instants émotion. Et il y en a un sacré paquet, sérieux c'est épique comme rarement, on ne s'ennuie pas une seconde, il y a des plans qui marquent la rétine et certains personnages connaissent des développements très intéressants.
Bref, eut égard au cahier des charges impossible et aux frissons ressentis (et malgré quelques cringes, monnaie courante depuis "Le Retour du Jedi" et qui font, on va pas se mentir, partie du plaisir malgré tout) : c'était bien. Will watch again.
Mise à jour après visionnage DVD
On aura beau dire, on aura beau faire : ce Star Wars a un vrai propos. Le film est peut être un peu trop dense en réalité. En tout cas, au revisionnage, à l'instar de "Rogue One", la trame est plus claire, plus logique. Les choses s'imbriquent de manière riche et complexe. On pourra toujours pinailler mais l'univers étendu est là pour ça.
Le fil narratif de Rey et Kylo, sur le conflit intérieur, est épique à souhait, très subtil : une réussite totale. Le fil narratif de Poe et Luke - oui, je les mets ensemble, on parle ici d'une leçon sur l'échec - apparaît un peu anticlimatique dans le cas de Poe seul (il semble toujours prendre à la légère ses responsabilités et les remontrances de Holdo manquent de justification, peu d'une taupe peut-être ?) mais est contrebalancé par Luke qui sort par la grande porte (oui oui, cette fin qui fait écho à celle d'Obi-Wan est parfaite - ps : et quelle joie de retrouver un Yoda taquin). Le fil de Finn et Rose est évidemment le plus faible. Il est louable dans le sens où il donne à voir de l'univers à la manière de la prélogie, présente des enjeux galactiques complexes et montre l'impact de la Résistance ailleurs. Mais sa légèreté contraste trop avec tout le build up dramatique de la course-poursuite. La production s'en est rendu compte et a largement coupé dedans (d'où des événements trop rapides qui laissent même les protagonistes perplexes).
Une petite parenthèse sur le visuel, à 90 % exceptionnel et à 10 % gênant (lumière sur les visages par moment, fonds verts parfois visibles, inserts numériques discutables, explosions banalisées). Dommage, ces petites sorties de route peuvent faire sortir du film et aliéner une partie du public.
Au final, la force de cet épisode VIII est d'avoir su déjouer les attentes, c'est aussi peut-être sa limite quand ça vire au meta / gimmick. Mais contrairement à ce qui a été dit, l'épisode IX aura encore beaucoup de réponses à apporter.
Il aura aussi la tâche de renouer avec une tradition de la saga, celui du plaisir simple de la bataille spatiale (que l'on avait eu dans "Rogue One") et du duel ay sabre-laser (parce que c'est morne plaine depuis Mustafar). Toutes les surprises de cet épisode le rendent peut-être moins revisionnable à long terme mais kudos à Rian Johnson d'avoir su apporter tant de sensibilité et de nouveauté à Star Wars. C'était une prise de risque, c'est tellement rare à Hollywood.