Episode VIII The Broken Mirror ou "Let the past die"


"Les héros du Réveil de la force rejoignent les figures légendaires de la galaxie dans une aventure épique qui révèle des secrets ancestraux sur la Force et entraîne de surprenantes révélations sur le passé…"


2 ans après "The Force Awakens" de JJ Abrams le VIII épisode de la Saga Star Wars "The last Jedi" est enfin dans les salles. Episode central de la nouvelle Trilogie le film est confié à Rian Johnson (Looper, Breaking Bad,Brick) choix audacieux de la part de Lucasfilm qui lui confie à la fois le scénario et la réalisation.


La mission est complexe étant l'épisode central celui des révélations ou les nouveaux Héros sont soumis à l'épreuve et au doute et d'anciennes figures mythologiques sont de retours. Depuis L'Empire contre-attaque, il existe une règle tacite, devenue un poncif, selon laquelle tous les deuxièmes épisodes se doivent d'être plus sombres. Plus largement, il s’agit d'une caractéristique propre aux deuxièmes actes, où les enjeux se doivent d'accroître et la situation de devenir de plus en plus désespérée afin que le dernier acte puisse accomplir sa catharsis.


Après The Force Awakens et son final assez incroyable l'attente des fans est au maximum, Des centaines de théories ont fleuri sur le net chacun à son idée sur plusieurs questions laissé en suspens. Quelle sont les origines de Rey ? qui est le suprême leader Snoke ? Quel est le destin de Kylo Ren/Ben Solo (Adam Driver) ?... l’auteur de ces lignes a eu faux de bout en bout. Mais on peut dire sans gâcher quoi que ce soit que certaines questions trouvent des réponses.
Aujourd'hui Luke Skywalker est de retour En 2015, Rey (Daisy Ridley toujours parfaite) découvrait qu’elle était liée au héros de la Force à travers son sabre laser. Après moultes péripéties, la jeune femme gravissait les marches de l’île d’Ahch-To pour ramener l’arme légende à son propriétaire disparu depuis trente ans. C’est ainsi que J.J Abrams concluait le premier épisode d’une nouvelle saga Star Wars.


Le Réveil de la Force surprenait à sa manière, avec une volonté de s’affranchir des anciens personnages pour proposer quelque chose de nouveau tout en gardant une structure un peu trop vue. Malgré ses qualités, le film était trop proche d’Un Nouvel Espoir, sans réelle prise de risque,


Aujourd’hui, la donne a changé. Les allées des conventions sont pleines de petites Rey et de petits Finn et un seul film a suffit. Alors il est temps de passer la seconde, ce que Rian Johnson fait avec beaucoup de brio, livrant sans doute le film le plus dense de toute la saga. Et tout aussi surprenant, mais par d’autres aspects, que le volet précédent.
L'Episode VIII est le premier Star Wars être la suite directe d'un épisode précédent en cassant la tradition de l'élise temporel Rian Johnson annonce déjà la couleur les choses vont changés.


En guise d’ouverture. On replonge plutôt dans l’affrontement entre le Premier Ordre et la Résistance. Repérés, les Rebelles ont commencé à fuir. Mais un vaisseau sur-armé leur barre la route et il faudra toute la bravoure et l’inconscience de Poe Dameron (Oscar Isaac) pour leur permettre de de passer en vitesse lumière. Rey, elle, se retrouve face à celui qu’elle considérait jusque là comme une légende. Mais Luke (Mark Hamill), depuis des années en exil loin de toute civilisation, a bien changé…


Difficile d'en dire plus, le film est d'une qualité inédite pour un Star Wars. Une suite solide, qui emprunte des chemins narratifs osés, peut-être trop parfois, tant nombre de personnages s'embarquent en même temps dans des aventures parallèles.


Avec un casting globalement très bon (mention spéciale à Adam Driver et Daisy Ridley qui portent le film).


le film fait preuve d'une originalité et d'une audace remarquables Rian Johnson livre un film très riche. Certains éléments de construction du récit font penser à l’Empire Contre Attaque (la fuite des Rebelles, Rey face à Luke comme lui-même face à Yoda dans Empire) et une longue scène rappelle Le Retour du Jedi. On n’est néanmoins très loin du remake. Rian Johnson prend à de très nombreuses reprises son spectateur à contre pied tout en lui faisant croire qu’il sait où il y va.


Mais The Last Jedi transporte la saga dans une autre dimension, d'une classe folle. Quitte à diviser les fans purs et durs mais Johnson ne s'impose rien il se met entièrement au service du développement de l'intrigue de la trilogie et des personnages qui la compose il ne fait pas un film de fan. Je pense que son objectif des éléments et thématique jamais vu dans la saga.


De son propre aveu, le credo d'Abrams sur son film, c'était »Est-ce que c’est réjouissant? ». L'objectif de Johnson n'est clairement pas que tout soit toujours réjouissant tout le temps. À part Brick, qui n'est pas forcément le plus user friendly, les films de Johnson ont toujours su être accessible tout en ne se pliant pas au cahier des charges le plus évident. La césure à mi-parcours de Looper est assez parlante par exemple. Les Derniers Jedi ne déroge pas à la règle. C'est sans doute ce que Johnson a fait de plus mainstream mais il émane tout de même du film une certaine personnalité, notamment dans ces choix esthétiques, comme celui d'accorder une importance particulière à la couleur rouge. Il n’existe sans doute pas de couleur à la symbolique plus évidente mais l'usage qu'en fait Johnson est redoutablement efficace et pertinent.


l'imagerie est tantôt psychédélique, tantôt surréaliste. Visions, flashbacks, inserts, Johnson se permet tout dans son montage. Il ne respecte aucune règle à part quelques transitions en volets. Les Derniers Jedi est vraiment un film libéré de tout carcan implicite sur 2h30, le film aurait gagné à être un peu mieux équilibré. Avec ce bon vieil éclatement narratif, l'écriture se fait inégale. Dans l'ensemble, Le récit donne la part principale aux « Force sensitives » : Rey, Luke, Kylo Ren et Leia. Dès qu'on suit les autres, on est en deçà. Souffrant sans doutes de coupes, la trame de Finn et Rose paraît quelque peu fonctionnelle et clairement la plus faible.


Même si le décor du casino de Canto Bight, trop peu montré, a le double mérite de changer des sempiternelles cantinas mais aussi de montrer l'opulence décadente des privilégiés à détruire. L'arc de Finn, d'égoïste à engagé, est bon mais un peu rapide. Il en va de même pour Poe qui doit apprendre à « vivre pour se battre un autre jour », comme on dit. Le personnage de Rose est attachant, ne serait-ce que parce qu'il s'agit d'une fille asiatique un peu ronde, trois catégories que l'on voit rarement, mais elle n'existe presque que pour servir l'arc de Finn, au même titre que DJ, surjoué par un Benicio del Toro, ces parcours s'inscrivent néanmoins dans cette ode au combat pour un nouveau monde que compose Johnson.


un nouveau monde commence déjà dans le réveil de la force en effet le hero's journey semblablement destiné à Finn, un noir, échouait finalement à Rey, une fille, qui demandait sans cesse qu'on arrête de lui "tenir la main", littéralement, et qui n'attendait pas qu'on la sauve, et qu'en face, Kylo Ren, jeune blanc de bonne famille, incarnait le fétichiste du passé, à la fois néo-nazi avec son casque de Darth Vader/de la Wehrmacht et cosplayer nostalgique. Mais aujourd'hui comme le dit si bien Ben Solo "Let the past die" le miroir est brisé à la manière de Hideo Kojima sur Metal Gear Solid 2 Rian Johnson trompe volontairement les attentes du spectateur. C'est une des raisons de la violence sur le film à mon avis.


La post-logie, ce n'était plus juste le Bien contre le Mal, comme dans la trilogie originale. C'est le progrès vs. le passé. La jeunesse vs. le vieux monde. Johnson surenchérit sur cette idée. Selon l'adage, il ne faut pas rencontrer ses héros et la fangirl propulsée héroïne d'une légende qu'est Rey ne s'attendait pas à trouver un vieux sage qui n'est ni Obi-Wan, ni Yoda. Luke a tenté d'être un mentor, ça a donné Kylo Ren.


Toute sa carrière Rian johnson a choisi de travailler des genres particulièrement codifiés et si Brick et Une arnaque presque parfaite s'attaquaient respectivement au film noir et au film d'arnaqueurs avec un décalage assumé, Looper et Les Derniers Jedi font de la science-fiction et du space opera au premier degré mais en continuant de jouer avec les codes créés par leurs aînés. Johnson dans son histoire balancer des vérités particulièrement fondées sur l'héritage des Jedi, évoquant notamment les événements de la prélogie, et égratigner leur image de moines droits, notamment lors de scènes qui ne sont pas sans rappeler ses précédents opus. Quand on connaît un peu Johnson, on n'est pas étonné de le voir aborder une nouvelle fois la question de la fatalité.


Dans une arnaque presque parfaite, l’auteur émettait le souhait d'une "vie non-écrite", voeu avoué d'entrée par le héros, acteur des coups montés de son frère. Tout Looper s'articulait autour de l'hypothèse "si tu pouvais remonter le temps et tuer Hitler, le ferais-tu?", ce à quoi le film répondait "non, je l'éduque", refusant de croire qu'un individu est prédestiné à quoi que ce soit. Les Derniers Jedi traite à nouveau de ce sujet et c'est en ça qu'il se risque à être un tant soit peu iconoclaste. il ne s'agit plus juste d'essayer de racheter tel ou tel personnage mais de subvertir les codes et de réfuter ce caractère cyclique susmentionné et inscrit dans l'ADN de la saga. Et réfuter ce caractère cyclique, c’est à nouveau mettre fin à une boucle, refuser que l'Histoire se répète. C'est résoudre ce que la génération d'avant n'a pas résolu.


l'arrivée de nouveaux auteurs qui prenne des risques sur une saga évoquent le risque de tomber dans de la fan fiction. Les Derniers Jedi est le meilleur exemple de fan fiction qui existe. Parce qu'il ne contente pas juste de donner des scènes que l’on n'aurait jamais cru voir dans un Star Wars mais il est avant tout un épisode des plus humains, émouvant dès lors qu'il s'attarde sur les liens entre ces humains (mère et fils, frère et soeur, apprentis), notamment par le biais d’ajouts à la mythologie surprenants et courageux. La génération d'avant n'a rien résolu. Il suffit de gratter un peu la surface pour révéler le rouge sang en dessous. Mais elle n'a pas juste rien résolu, elle doit changer. Elle doit disparaître. Et la toute dernière séquence, inattendue, et ce dernier plan, sublime, finissent de faire passer le message de Rian johnson "Let the past die"


Les Derniers Jedi n’est pourtant pas sans petits défauts. Il faut notamment adhérer à l’humour très moderne du film, à des séquences humoristiques plus présentes qu’auparavant et parfois de trop. Certaines scènes resteront dans les annales quand d’autres mérite le débat. Le film joue avec les codes les répète pour mieux les déconstruire et surprendre le spectateur. Sa longue durée ne pose aucun problème tant tous les éléments sont nécessaires à la compréhension d’un récit aussi simple que dense dans film qui est clairement jusqu’au-boutiste,


Au mépris d'un fan qui a put être déçu car Rian Jonhson a réussi à faire sienne la saga durant 2H30 ( tel un nouveau Irvin Kirshner de la nouvelle génération ou d'un Villneuve sur Blade Runner 2049 il a fait faire un grand bon en avant a Star Wars. En cela c'est un grand réalisateur visionnaire et le film malgré l'accueil tiède sera revu à la hausse dans plusieurs années. The Last jedi et non seulement un grand Star Wars mais aussi surtout un grand film/séquelle.


Aujourd'hui je suis dans le flou totale sur le contenu du dernier volet de cette trilogie. Nous avons encore deux ans de théories à faire pour ensuite être encore divisé. en tout cas JJ Abrams May the force be with you ! you need it.

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le 19 déc. 2017

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Pierre2105

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