--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au dix-septième épisode de la cinquième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/Secret_of_the_Witch/2727219
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---


J’ai un problème avec Neil Gaiman : j’adore son univers, mais je n’aime pas sa prose. Je souhaiterais pourtant de toutes mes forces appartenir à ce groupe de gens stylés qui sont capables d’apprécier Gaiman à sa juste valeur, ses anti-héros si attachants, ses histoires mi-oniriques mi-décalées, sa réflexion si profonde. Mais ça coince, c’est automatique, j’ouvre ses livres, et dès la deuxième page je m’ennuie. Je trouve toujours les quatrièmes de couverture bien plus passionnante que le contenu. Et j’ai un peu honte de cette situation.


Cependant, à défaut de Coraline le livre, j’avais adoré Coraline le film (certes l’implication du bébé Laika dans l’affaire a certainement joué un rôle également), et je me disais que mon salut pourrait peut-être passer par là. Je me sentais donc en lançant le film de ce soir comme les cancres du fond de la classe, qui, en classe de français au collège, se trouvaient malin de court-circuiter la lecture obligatoire en regardant son adaptation cinématographique. Et ils avaient peut-être raison, les bougres. Je pense que je me suis construite à tort cette image des adaptations, comme un raccourci facile pour économiser un scénariste, ou acquérir un auditoire déjà pré-conçu. Peut-être aussi tout simplement parce que je me souviens trop des Magasins des Suicides et autres Hobbit, et pas assez des Long Dimanche de Fiançailles et Seigneur des Anneaux. Alors, et puisqu’on parle encore dans ce mois-sorcière de Tolkien et surtout de son enfant prodige Peter Jackson, commençons par leur rendre hommage, en notant que certainement la démesure de la trilogie ainsi que son immense succès aura marqué les esprits, et on sent que de l’eau à coulé depuis Legend et Willow : le film fantasy a pris une autre tournure, ne se prend plus ni pour une blague, ni pour un divertissement pour enfant, mais bien comme un genre, avec ses codes, sa grammaire, ses enjeux. Et le scénario délirant de Gaiman ni changera rien, ni des vieilles sorcières sournoises, ni des fantômes palots, ni même une licorne (!!) n’empêcheront le film de se prendre au sérieux, de se révéler intelligent ou original. Car c’est ce qui fait le talent de Gaiman, ce qui fait que malgré toutes ces tentatives déçues, je continue de vouloir l’aimer : sa façon drôle et fine de déjouer les codes, ses manières intelligentes de contourner des lieux-communs ou des évidences de façon inattendue. Et si je ne goûte pas sa plume, je pense que la version pelliculée du récit lui rend certainement hommage, avec sa façon à la fois enfantine et impeccable de représenter ces personnages farfelus. Tous malgré leurs énormes clichés deviennent au fil du récit uniques et attachants, dans une valse survoltée de péripéties et un montage ficelé avec finesse. Avec une mention spéciale pour le personnage de pirate au cœur tendre de De Niro (!!), à la fois savamment composé par son créateur, et brillamment incarné par son interprète ; et pour la fratrie de fantômes, qui me font mourir de rire à chacune de leurs apparitions.


Et la sorcière alors ? Je retrouve Michelle Pfeiffer pour la seconde fois dans le rôle ce mois-ci, et ça me tue de le dire, mais les sorcières de Pfeiffer sont toujours bien mieux loties que celle de mon adorée Tilda Swinton. Depuis Les Sorcières d’Eastwick, la pauvre petite poupée blonde, sorcière malgré elle, a pris de l’assurance, elle est devenue une reine cruelle par plaisir, sournoise et diaboliquement ambitieuse. J’ai détesté la fin du combat final par contre, et j’espère que ce n’est pas à Neil Gaiman qu’il faille reprocher cette erreur grossière de scénario, mais pour le reste le personnage est formidable, attachant malgré sa filouterie, à la fois effrayant et amusant. J’adore plus que tout le principe -caressé dans certains films précédents mais jamais affiché clairement avant Stardust- que chaque sort se paye en âge. Pour des personnages dont l’une des rares caractéristiques plutôt fréquente est de désirer retrouver leur jeunesse et leur beauté, je trouve plutôt bien pensé de mettre comme limite à leur pouvoir (infini à part ça), de devoir payer en nombre d’années en fonction de la puissance du sort. Puisque les caractéristiques précises des pouvoirs et limitations des sorcières semblent ne jamais avoir été définies par l’Histoire, c’est peut-être au cinéma de les inventer, et je trouve celle-ci plutôt maligne… et crédible.

Zalya
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le 12 nov. 2020

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