Steve Jobs est un film à l’image de la marque qu’il incarne. Le coté production design est très solide, que ce soit au niveau de l’originalité dans les intérieurs ou au niveau du rendu de chaque époque. Même l’edit ajoute une couche au coté « ceci n’est pas une histoire, ceci est une oeuvre d’art » qui colle au final bien avec l’idée que le protagoniste se fait des ordinateurs qu’il fabrique. Par contre l’histoire ne vaut rien. C’est un biopic sur Steve Jobs, que l’on retrouve juste avant le lancement de chacun de ses ordinateurs. Le fil narratif est franchement ténu et ça fait vraiment très artificiel de condenser l’histoire 20 minutes avant le lancement de chaque ordinateur. Il finit lui même par s’en étonner : « Pourquoi est-ce que c’est toujours le bordel avant chaque lancement? »
Ben je vais te le dire Steve, c’est le bordel avant chaque lancement parce que c’est la seule façon d’injecter un peu d’urgence à chaque situation parce que sinon on ne ressent tellement rien pour toi et ton histoire que personne n’aurait la patience de tenir jusqu’à la fin du film.


Au niveau du personnage en lui même, je dois dire que le jeu d’acteur est un point positif du film, il est droit dans ses bottes et heureusement puisque le film repose entièrement sur ses épaules. Par contre le personnage en lui même est une horreur. C’est un anti-héros, alors habituellement un anti-héros c’est un personnage dont les traits de caractère principaux sont ses défaut mais qui possède également quelques qualités : Dans Nightcrawler, Lou est un sociopathe sans morale mais il est aussi extrêmement travailleur et enthousiaste ; Deadpool n’est absolument pas gêné par le sort d’à peu près tout le monde mais c’est un type amoureux avec de l’humour ; Léon est un tueur professionnel mais il sauve Mathilda lorsqu’elle vient toquer à sa porte. Il faut des qualités auxquelles s’attacher pour avoir de l’empathie et pouvoir pardonner les défauts. Steve Jobs n’a dans ce film absolument aucune qualité. Il est méprisant envers absolument tout le monde, il n’y connais lui même rien et ça ne l’intéresse d'ailleurs pas, c’est le pire des pères, il n’a aucune éthique professionnelle, sa seule valeur est sa « vision » qui est en fait un outil supplémentaire pour assoir son arrogance sur son entourage.


Surement, pour les fans d’Apple, la qualité de Steve Jobs qui fait qu’on lui pardonne tout, c’est l’iPod qu’ils ont dans leur poche mais ça n’apparait pas du tout dans le film et donc pour le reste du monde, Steve Jobs c’est l’histoire d’un con dans laquelle on a même pas l’espoir de le voir échouer comme il le mérite.
J’espère au moins que Danny Boyle a été payé une fortune par Apple pour faire ce film mais n’est pas The Social Network qui veut.

TheoC
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le 7 mai 2017

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