Un jolie film déjà tourné cent fois

Ce qu'il y a de bien avec les alliances c'est qu'elles permettent d'accomplir des choses que l’on n’aurait jamais pu accomplir tout seul. Qu'elle se fasse avec une congrégation de bonnes sœurs ou une famille de la mafia, un groupe de jeunes scouts qui vent des cookies en porte à porte ou une bande de jeunes caïds qui raquette les plus petits dans la cour de récré, une coalition pour instaurer la paix dans le monde ou une petite ribambelle de dictateurs et de groupes armées du Moyen-Orient, l'incarnation du bien ou le diable en personne, les alliances vous permettent de servir vos petits intérêts, jusqu'à ce que vos petits intérêts, et bien ils ne soit plus si petit que ça. Seulement, le problème avec les alliances c'est que quand elles se font avec les mauvaises personnes, comme le boomerang lancé à pleine vitesse à mi-hauteur, elles changent dangereusement de trajectoire et vous reviennent inévitablement vers la figure.


Scott Cooper va en faire une nouvelle démonstration à grand coup de points qui claquent, de flingues qui tirent et de corps qui tombent, avec cette histoire vrai d'un agent du FBI qui met en place une alliance avec un gangster local dans un Boston où les enfants qui jouaient aux policiers et aux bandits le font toujours maintenant qu'ils sont devenus adultes, mais pour de vrai cette fois. Un Boston où un gangster, son frère de sénateur et leur ami d'enfance du FBI dînent ensemble avec femmes et enfants. Un boston, donc, où un jeune agent qui porte son ambition et sa loyauté comme un jolie costume qui finira par l'asphyxier va gravir les échelons du FBI et où une petite frappe locale aux yeux clairs comme un abîme sans fond va prendre le pouvoir de la ville. En se servant l'un de l'autre. En se rendant services sur services. En prenant de l'importance en même temps. Mais, aussi surement qu'une grenade dégoupillée explose, la situation pète au visage de cet agent aux méthodes et à la morale de criminel.


Maîtrisée et méthodique, efficace et esthétique, la démonstration est réussie, aucun doute là-dessus, plutôt limpide même, avec son atmosphère froide comme un cadavre abandonné sous la pluie au milieu d'un terrain vague, représentée à l'image par un Boston grisâtre aux intérieurs marrons, brièvement interrompu par une courte escapade tout en couleurs sous le soleil Californien.


Le problème, et pas des moindre, c'est que cette démonstration, on l'a déjà vu des dizaines de fois, et encore une bon paquet de dizaines de fois après. Qu'on en devine la conclusion avant même que le générique d'ouverture ne se soit terminé. Qu'on connait chaque étape et chaque petit développement de son argumentaire implacable, avec sa scène de gangsters se pavanant en voiture au rythme du rock’n’roll qui les accompagne, de jubilation contrôlée sur musique funky et de scènes violentes sanguinolentes avec son accompagnement sonore ultra pesant, avec ce mariage qui s'effrite à mesure que notre héro s'enfonce, avec ce duel verbale sous fusillade de regards autour d'une table plongée dans l'obscurité, avec ces corps que l'on va enterrer dans la brume en dessous d'un pont, toujours racontée par ces balances en très gros plan qui retracent l'histoire en salles d'interrogatoire et qui se termine par ses phrases qui nous informent sur le sort de ces personnages réels.


Et une démonstration que l'on a vu des dizaines et des dizaines de fois, c'est comme une glace que l'on mangerait tous les jours de l'été, ça perd de sa saveur, aussi bonne soit-elle.


Ça soulève aussi une cruel question : mais à quoi bon ?

Clode
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le 26 nov. 2015

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Clode

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