L'orient et l'oxydant
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le 29 août 2015
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La France est, paraît-il, un des pays les plus fascinés par le pays du soleil levant. Suivre les premiers pas de cette jeune belge dans une entreprise japonaise devrait donc attirer votre attention. Pour une jeune européenne ça n’est pas évident, tant la culture du travail du Japon est différente de l’occidentale, elle va finir par accumuler les gaffes.
Pour commencer gaiment, voici déjà le premier souci du film : Sylvie Testud en Amélie. Je sais qu’elle a reçu un César pour ce film, mais je n’aime pas trop sa prestation. Je trouve qu’elle la joue trop gourde. Oublions même un instant le livre, mais ne serait-ce qu'en entendant la voix-off, on suit en principe quelqu’un d'intelligent, simplement dépassé par les mœurs japonaises et déstabilisé par le stress que ça provoque. Ici, elle semble plus godiche qu’autre chose.
Le film dépeint le monde du travail au Japon sans complaisance, la hiérarchie, les boulots de plus en plus fastidieux qu’on lui attribue, et pour lesquels elle est censée se montrer reconnaissante de surcroît. Le fait qu’elle soit européenne ne joue par en sa faveur, bien au contraire, on le lui reproche assez souvent. D’ailleurs quand elle en vient à clairement ironiser sur la supériorité du cerveau nippon sur le cerveau occidental, un de ses supérieurs approuve avec sérieux.
Il faut dire que ses supérieurs à Yumimoto sont soit incompétents, soit arrivistes, soit tyranniques. A l’instar du livre, le portrait le plus complet sera celui de Mademoiselle Mori, qui n’est pas présentée avec indulgence. Heureusement quelques employés atténuent les choses, notamment le grand patron de la compagnie himself. Si on ajoute les gaffes d’Amélie et ses fréquentes remarques ironies en voix off, ça donne un tout assez savoureux, qui est en fait la base même du film : Les malentendus entre les cultures.
A l’exception de la voix off qui s’adresse au spectateur, Amélie parle, naturellement, japonais, avec ses collègues. A l’époque où j’ai découvert le film, c’était une des premières fois où je voyais une œuvre en japonais sous-titré. C'est un plaisir curieux, tant le phrasé et la sonorité de leur langue paraissent singuliers pour le petit français lambda. Malheureusement il existe une autre version pour nous autres francophones, sans doute pensée pour la télé. OK pour les aveugles notamment, faut bien, mais sinon ce serait dommage que vous la regardiez comme ça.
Le film est plutôt beau, lyrique par moments, avec quelques plans aériens de Tokyo chiadés et une ambiance musicale discrète. Certains ont regretté que le film ne suive pas Amélie en dehors du boulot, ne montrant finalement qu’une image partielle du Japon, et guère flatteuse de surcroît. Mais le propos du film n’est pas là, et ils n’auraient de toute façon pas eu de trame à laquelle se référer, le film étant sorti 4 ans avant le livre Ni d’ève ni d’adam, où Nothomb évoque sa vie au Japon en dehors de Yumimoto.
Globalement, c’est un film plaisant à voir et bien que ne pas raffoler de la performance de Sylvie Testud soit un assez gros défaut, objectivement je n'en vois pas d'autre majeurs. J'ai beaucoup aimé le livre, j'ai bien aimé le film. Si vous avez la flemme de lire, alors ce film, très fidèle à la version papier, constitue une assez bonne alternative. Après... vous devriez lire le bouquin, d'autant que ça se lit comme un rien.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films qui nous apprennent que l'autorité c'est TROP NUL !, Les meilleurs films avec Sylvie Testud et Les meilleurs films d'Alain Corneau
Créée
le 12 sept. 2016
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