Ayant enchaîné la séance de "Piranha 3D" avec "Submarino", autant vous dire que le contraste a été assez vif ! Contrairement au premier film mentionné, Submarino m'habite encore. C'est poignant, c'est cru de réalité sordide, c'est boulversant, vraiment. Je n'y ai vu aucun misérabilisme, pathos, ou mélodrame crasseux. Juste une image grise dépeignant des vies fracassées...

Le film commence sur la jeunesse de Nick et de son frère cadet (dont on ne connaitra d'ailleurs jamais le nom), contraints d'éléver le nourrisson que leur mère alcoolique a pondu puis oublié. Petit ange blanc dans leur environnement solitaire, qu'ils baptisent maladroitement "pour faire comme à l'église", la mort de celui-ci va ouvrir la fissure indélébile de leur vie.

À partir de cette introduction courte et dérangeante, on suit de manière totalement séparée les trajectoires des deux protagonistes:
Nick, le frère ainé, ex-taulard à tendance alcoolique, traîne la jambe entre sa piaule miteuse (ou celle de sa voisine) et la salle de sport. Véritable boule de rage abattue, il tente de garder la tête hors de l'eau sans arriver à se détacher de sa profonde solitude.

En parallèle à ceci, dans la même ville, le cadet est lui aussi capitaine d'une barque à la dérive; camé jusqu'à l'os, il élève seul son fils de 6 ans, frêle petite bouée à laquelle il se raccroche. Dépassé par son rôle au quotidien, il se met à dealer pour "protéger" son fils et lui offrir une vie plus douce.

La vie adulte des deux frères va s'entrechoquer deux fois: à l'occasion de la mort de leur mère et surtout en prison, où là j'ai versé de vraies larmes de tristesse et d'émotion...

Putain, je n'avais pas ressenti ça depuis longtemps au cinéma. Thomas Vinterberg filme la misère avec immensément de sobriété et de pudeur dans les images et dans les mots. Les acteurs principaux sont désarmants. Une bande son discrète accompagne le tout. Magnifique.
pbdh
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le 11 sept. 2010

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pbdh

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