Sugar Man par Le Cinema du Ghetto
Premier long métrage de Malik Bendjelloul, Sugar Man est un film documentaire retraçant le parcours de Sixto Diaz Rodriguez. Fin des années 60 et début des années 70, Rodriguez enregistrait deux albums Cold Fact et Coming from Reality qui seront reçus favorablement par la critique osant la comparaison, à juste titre, avec Bob Dylan. Malgré ce succès critique ces albums seront de véritables échecs commerciaux aux Etats-Unis. « Seulement six albums ont été vendus en Amérique » s’amuse le producteur. Pour Rodriguez c’est la fin de sa carrière, celui ci doit reprendre son métier de maçon. Mais en Afrique du Sud sous le régime de l’apartheid, ses disques se vendent en très grand nombre, plus connu qu’Elvis Presley, il devient le symbole d’une révolution et l’icône d’une génération. Idole devenu prophète de l’autre coté de l’antarctique, Rodriguez ignorera pendant de très nombreuses années son succès à l’étranger.
Malick Bendjellou, spécialiste de films musicaux, décide de suivre deux fans du Cap ayant décidé de récolter quelques informations sur Rodriguez. Aux dernières nouvelles celui-ci se serait immolé sur scène ou tiré une balle lors d’un concert qui aurait mal tourné. Le réalisateur interroge toutes les personnes ayant connu de près ou de loin le musicien. La simplicité de la mise en scène sur les interviews fait ressortir la personnalité de chacun à laquelle se mêle l’émotion d’une histoire surprenante. Bendjellou illustre son film par de magnifiques séquences d’animations, d’images de concert ou d’Afrique du Sud se nouant avec harmonie aux chansons dures de Rodriguez. Les spectateurs ne connaissant pas l’artiste se feront une joie de le découvrir et d’apprécier son histoire fascinante. Quant aux autres, ils pourront l’admirer sur grand écran. Le film dans son ensemble est une réussite mais pas un chef d’œuvre comme on pourrait le lire dans la presse. On aurait aimé que pour un film musical comme Sugar Man où les paroles sont essentielles, les chansons nous soient traduites, nous ne sommes pas tous bilingues. Cela étant sans doute le choix de Malick Bendjellou ne souhaitant pas dénaturer la musique de Rodriguez. En tout cas, pour le réalisateur, les objectifs sont remplis : un premier film tout à fait intéressant, une reconnaissance internationale pour Rodriguez et une flopée de prix (Oscar du meilleur film documentaire, BAFTA du meilleur documentaire, prix du public et prix spécial du jury à Sundance).
Retrouvez la critique ici : http://lecinemadughetto.wordpress.com/2013/04/27/sugar-man-2012/