Ce documentaire est vraiment incroyable (c'est le mot qui convient) et pourtant...
Le film se déroule à la façon d'une enquête policière dont on nous déroule l'action d'une façon logique et imparable, jamais entendu une histoire pareille, faut dire qu'on est dans le réel, même si on se croit parfois dans le monde des contes de fée...
D'ailleurs le film, sorti en 2012, a reçu une tripoté de prix et de distinctions, Oscar et C°...
Sugar Man c'est le titre d'une chanson enregistrée en 69 (parue en 70) par le chanteur Sixto Rodriguez. Vous connaissez ? Et bien c'est le héros de notre histoire, il a enregistré deux albums Cold Fact avec entre autres le titre "Sugar man" et Coming From Reality, second effort, sorti l'année suivante ... On le compare à Dylan, mais il peut tout aussi bien nous faire penser à Tim Buckley ou à José Féliciano (sous amphé). Bon vous pourrez vous faire une idée sur le tube, mais c'est vraiment bien.
La vie va jouer un tour de chien à Rodriguez, ses albums enregistrés par la Motown ne se vendent pas, il reste inconnu, incompris. Il obtient une licence de quelque chose (j'ai oublié), mais finit dans un métier du bâtiment à Détroit, malgré tout il continue à jouer, il y croit...
Sans qu'il le sache son destin se joue ailleurs, en Afrique du Sud, au Cap où une Américaine a emmené l'album dans ses bagages. Petit à petit la beauté des chansons et la qualité des textes fait son chemin, l'album est d'abord piraté puis fabriqué pour une meilleure distribution en Afrique du Sud même, diffusé à la radio, devenant petit à petit le symbole de la révolte de la jeunesse blanche du Cap face à l'apartheid et au racisme. L'album s'y vend mieux que les Stones ou le Floyd, à l'égal d'Abbey Road des Beatles et du Bridge Over Troubled Water de Simon & Garfunkel...
Chanteur maudit dans son propre pays, il ignore tout de son succès lointain... En Afrique du Sud tout le monde le considère à l'égal des plus grands, son nom est une icône, et grande est la surprise quant au retour des States, les voyageurs racontent qu'on ne peut y trouver aucun album de Rodriguez et que son nom est parfaitement inconnu ...
Bon là je plante le contexte mais un disquaire du Cap, Stephen Segerman (son nom ressemble au titre du film), un bon samaritain avec une bonne tête, va enquêter, et le film raconte les étapes et la lente progression de sa recherche...
C'est certain, il est décédé, pourtant les causes sont évasives, certains le disent mort en prison, mais les indices les plus concordants indiquent que son insuccès aurait été la cause principale de sa disparition. Alors que son second album ne s'était vendu qu'à quelques dizaines d'exemplaires un concert est organisé pour le relancer. Là encore le destin va enchaîner les désillusions et tout va foirer de la pire manière, le rare publique le moque et le siffle. Imperturbable il va chanter jusqu'au bout de son set et, sur scène, après la dernière chanson il va se tirer une balle dans la tête...
Vous m'en voudriez si je vous racontais la suite, alors ne cherchez pas sur le net, ça vous gâcherait le plaisir...
Le documentaire signé Malik Bendjelloul est donc une parfaite réussite, on peut juste lui reprocher d'avoir ici ou là caché des éléments biographiques qui auraient pu nous mettre la puce à l'oreille...