Relancer le soleil et faire face à soi-même

Bon, j’ai pas mal hésité entre 7 et 8… Finalement ce sera un 8.


Et ça commence avec une voix-off nous expliquant le pourquoi on en est là (beurk les voix-off). Allez, faisons abstraction de ça et rentrons dans le synopsis. Et promis, aucun spoiler !


Aïe ! La voix-off nous explique que le soleil est en train de mourir un poil en avance (bon, de seulement quelques milliards d’années, on n’est pas à ça près). L’humanité envoie donc un vaisseau vers le soleil pour lui renvoyer un petit coup de boost nucléaire dans la face histoire de le relancer et de ne pas se laisser aller à l’extinction.
Problème : l’équipage de la première mission n’avait apparemment pas son GPS et se sont perdus. Pas de chance… C’est donc un des membres de l’équipage (la fameuse voix-off) qui nous apprend qu’une deuxième mission est lancée afin de faire une dernière tentative et représente le dernier espoir de la survie de l’humanité.


Hop ! Petit interlude visuel nous présentant le vaisseau. Et visuellement, ça commence plutôt bien. Un vaisseau assez original visuellement, protégé par un bouclier solaire qui reflète joliment la lumière de notre étoile.
Immédiatement je suis amusé de voir que le vaisseau est nommé « Icarus II ». Un peu pessimiste si on connait la mythologie et qu’on sait qu’Icare s’est un peu fait cramé les ailes par le soleil… Du coup, dans le mille, vu que « Icarus I » s’est un peu perdu en allant le confronter. (En même temps s’ils ont appelé le premier « Icarus I », ils savaient certainement déjà que le deuxième était inévitable). Ah ah !


Bref, on se retrouve dans le vaisseau et on entre vraiment dans le vif du sujet. Un des membres regarde le soleil par une fenêtre, complètement fasciné par ce dernier. Ce qui sera la ligne directrice du film dans son aspect psychologique : l’attrait et la relation qu’ils ont avec cet astre qu’ils approchent. Une sorte d’attraction et de passion dévorante pour le soleil (Tiens, Icare encore ?).
Le film nous entraine facilement à le voir de ce regard. La beauté de ce soleil vers lequel on va. Beau, mais dangereux. Est-il passionnant ou nous entraine-t-il vers une mort certaine ? Hey ! Peut-être bien les deux qui sait ? ;) En tout cas, c’est ce qui m’a donné envie de mettre 8 : la psychologie des personnages est bien dosée, et le côté divin du soleil est différent pour chacun des membres de l’équipage. Là-dessus : c’est vraiment top.


Les membres de l'équipage s'engagent parfois dans quelques discussions profondes sur l’éthique humaine. Wow ! Mais malheureusement ces dialogues sont pas mal de bla-bla et servent simplement à faire avancer l'histoire. Dommage. Ils ne nous donnent pas vraiment de questionnement sur la morale, la technologie ou bien encore l’homme contre la nature ou la survie de l'espèce. 
C’est d’ailleurs mon gros bémol sur ce film (d’où mon hésitation avec le 7, heureusement que le côté psychologique lui redonne un point). Les interactions entre les personnages sont un peu pauvres. C’est pour moi la grande faiblesse de Sunshine. Mais bon, du coup ça a au moins le mérite de ne pas tourner au pathos ou de nous caller une histoire d’amour stupide qui n’aurait pas sa place ici.
Remarquez, on peut y trouver aussi un aspect intéressant… La question n'étant pas de savoir si les membres de l'équipage survivent ou non mais s'ils sont prêts à se soumettre à leurs croyances. Ça c’est plutôt good.


Par contre, si on en revient aux membres de l’équipage, les acteurs sont superbement bons en essayant de ne pas être trop bons justement. Le but est de jouer des scientifiques et non des super héros de films d’action et ils le font remarquablement bien.


Visuellement, il n’y a rien à dire. Danny Boyle fait avec brio ce qu’il sait faire : des prises de vues de dingue, nous offre des gros plans rapides perturbants en les mêlant à des prises de vue plus lentes et plus contemplatives. RAS : ça a de la gueule.


Donc pour finir, je recommande chaudement ce film qui renoue sympathiquement avec la vraie science-fiction et voyages spatiaux. Pas besoin d’explosions et de guerres intergalactiques pour donner une profondeur fantastique à l’espace. Ce dernier le faisant très bien par lui-même. Le vide et l’immensité de l’espace attirant les questionnements les plus impossibles à répondre et Danny Boyle le fait très bien en fascinant le soleil.

damienpuaud
8
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le 24 sept. 2017

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damienpuaud

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