Avec Super 8, Abrams prend le contrôle total d'un long-métrage, écriture du script compris, et prouve qu'il est plus qu'un geek.Il ne s'appuie ni sur une célèbre gamme de jouets, ni sur un super-héros, ni même sur une quelconque star. Autant dire que dans la production US actuelle, ce film fait figure de pari insensé.Le plus frappant dans "Super 8", c'est qu'on a l'impression qu'il a été tourné à l'époque où se déroule le film : 1979. C'est voulu. De la durée des plans, plus longue que la moyenne actuelle, aux flaques de couleurs qui envahissent l'écran dès lors qu'un néon ou un gyrophare apparaissent, en passant par l'affiche dessiné une époque bénie où le walkman, Big Jim et les jouets dérivés de "Star Wars" faisaient leur apparition, tout pour ressusciter le cinéma américain de la fin 70 et début des années 80.On nous ressort des classiques rock bien appréciés, qui nous restent en tête quelques temps après le film (pour ma part,Don't bring me down). La bande originale de Michael Giacchino est correcte, Malgré tout, tous les morceaux sont bien placés et créent une belle ambiance.

En plus de l'hommage brûlant à un cinéma des années 80 une décennie majeure pour le cinéma , la mise en abyme est totale. Tout ce qui est tourné en super 8 raconte ce que l'on ne voit pas, ou ne sait pas. Les souvenirs de la défunte mère, l'apparition du « monstre », les enjeux du complot. J.J. Abrams parvient avec une rare aisance à nous faire remonter dans le temps, les reconstitutions sont d'une grande précision, entre l'amertume des américains envers les russes ou encore la référence de la centrale nucléaire de Three Mile Island ( accident majeur en mars 1979), des décors en passant par les costumes, on croirait réellement voyager dans le temps et c'est cette impressionnante immersion qui offre au film son cachet old school très crédible .

Le scénario n'a pas été mis de côté. Cette histoire d'adolescents tournant un film de zombies avec une caméra Super 8 amuse . Ces dernier se retrouvent confronté à une catastrophe ferroviaire de grande ampleur(dont le spectaculaire déraillement du train), filmant par hasard quelque chose , ils vont devoir faire face à l'armée et à des évènements inexplicables .Le groupe est formé du petit gros à la grande gueule, autoritaire et égocentrique, réalisateur en herbe; le blond avec un appareil dentaire de la taille de l'A380, hyperactif et fan d'explosions; le pessimiste, fayot et peureux(le visage ressemble étrangement à celui de Barret Oliver, principalement connu dans D.A.R.Y.L, Cocoon); le garçon qui a tendance à vomir à chaque fois qu'il y a de l'action; le héros, garçon normal mais qui a connu un drame et évidemment la belle blonde, qui attire le regard de tous les mecs de la bande véritable hommage aux « Goonies ». Ce petit groupe est irrésistible, et raconter l'histoire de leur point de vue est une belle réussite. L'ensemble est relevé par le jeu sensible et parfois cocasse des jeunes comédiens, Elle Fanning étant une fois de plus épatante. J.J Abrams ne réinvente pas le genre, il en dégage néanmoins des éléments nouveaux qui donnent un cote contemporain au film et des FX conçus par l'une des légendes Dennis Muren,, et une bande son d'époque. Si le récit dans son développement reste aux trois-quarts trop mystérieux avec ce monstre tapi dans l'ombre ,Super 8 aborde les thèmes du deuil, de l'enfance, de la reconstruction et les exorcise sur grand écran en laissant opérer la magie du cinéma.

Un film franchement agréable, avec quelques défauts et quelques clichés maladroits et deux inconvénients de taille: son réalisateur et son producteur. Grâce à leur célébrité, les gens attendent d'eux le meilleur, or ce film peut décevoir s'il est vu dans cette optique là.
laurentromero39
9
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le 12 juin 2012

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