Une chouette recréation de l'univers Spielbergien. Sympathique et émouvant.
Un touchant appel au rêve.
« Si, moi je vous crois ». Une phrase candide lancée par Joe, le héros de Super 8, qui résonne comme la profession de foi de J.J Abrams tant tout son cinéma fait montre d'une volonté de recréer avec enthousiasme et une naïveté première les madeleines de Proust de son passé de geek. Après avoir régénèré la franchise Star Trek, Abrams s'affaire à faire revivre le cinéma 80's des productions Amblin de son mentor Steven Spielberg.
Abrams propose un film sur l'enfance touchant et naïf, avec en vedettes une troupe d'ados mal dégourdis, un peu marginaux comme dans Les Goonies. Les gamins s'engueulent souvent, dans des dialogues marrant et sans langue de bois. Les meilleurs moments du film sont très clairement ceux qui se concentrent sur les enfants qui tournent leur film.
Les acteurs sont drôles et rafraichissants, et Elle Fanning est une vraie révélation. Naturelle, craquante, on comprend aisément que les gamins se disputent ses faveurs. Touchante, elle l'est vraiment dans deux très belles scènes: la répétition de la séquence tournée à la gare où elle se révèle être une actrice improvisée émouvante, et la scène où elle mime, maquillée en zombie, une attaque sur Joe, qui est transi d'amour et savoure sa morsure comme s'il s'agissait d'un premier baiser.
De plus, le monstre se révèle être une jolie métaphore du parcours émotionnel du personnage principal. Capturé par cet E.T, Joe Lamb livre un discours maladroit mais touchant sur le besoin d'accepter les douleurs passées et de savoir rebondir. Sur cette lancée, la fin, semblable à un conte, est une petite merveille. Muette, portée par la musique magistrale de Michael Giacchino, les enjeux se résolvent avec pudeur, lyrisme et émotion.
L'ombre du mentor Steven Spielberg.
Abrams et Spielberg sont deux entertainers qui partagent tous deux des qualités a priori contradictoires: un enthousiasme sincère pour le cinéma en tant que tel, et un génie marketing pour créer l'évènement. Un mariage entre naïveté et roublardise quoi.
Abrams a donc cette image de nouveau Spielberg, il était logique qu'il assume franchement son héritage avec Super 8. Après tout, il a tellement intégré les préceptes de mise en scène de Spielberg qu'il les a fait siens.
L'affiche de Super 8, qui montre les enfants de dos face à une menace fantastique impalpable, rappelle forcément une des images les plus connus de Rencontres du Troisième Type, l'enfant qui ouvre la porte vers un inconnu à la fois merveilleux et menaçant.
Comme le fait Spielberg, par exemple dans Jurassic Park, Abrams joue avec intelligence sur la suggestion, préférant dans un premier temps ne filmer que les effets collatéraux, les réactions de ses personnages, laissant le monstre hors-champ. Une recette qu'Abrams avait déjà reprise avec le pilote de Lost et le monstre de fumée noire, que les personnages entendaient, sentaient autour d'eux, mais ne voyaient pas (seul Locke se retrouve de face, sans qu'on ne puisse voir ce qu'il regarde, tout comme l'ado pompiste dans Super 8). Pour rester dans l'univers Abrams, le buzz avait été construit de la même manière pour Cloverfield et la manière d'apporter des informations par le biais de documents d'archives fait aussi penser aux bobines retrouvées de la Dharma dans Lost.
Abrams fait preuve, au fur et à mesure de ses réalisations, de plus en plus de style et d'intelligence. S'appropriant la mise en scène dynamique de Spielby, la caméra d'Abrams est discrètement mobile, multipliant les légers travellings et on sent une certaine science modeste de la retenue (excellent premier plan), du travail avec le hors-champ pour faire marcher l'imagination, et surtout un sens du cadrage à hauteur d'enfant, qui capte à merveille leur propension à ne parfois que partiellement comprendre la portée de certains évènements ou alors, au contraire, de faire des montagnes de choses bénignes.
En conclusion, si le film connait quelques temps morts et un goût inévitable de déjà-vu, Super 8 dépasse l'exercice de compilation 80's, demeure foncièrement sympathique et comporte quelque très belles fulgurances. Dans ses meilleurs moments, Super 8 se révèle un conte habité et sincère qui fait montre d'une belle foi dans le merveilleux, et par extension, dans le cinéma.
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