Après plusieurs adaptations et parodies en dessins animés et en séries télé, Superman, chronologiquement le 1er grand super-héros de papier apparu en 1938 dans le comics Action Comics, faisait irruption au cinéma en étant chargé d'incarner l'invincible puissance américaine. Je me souviens encore en 1978 quand ce film est arrivé sur les écrans, c'était du jamais vu forcément, car c'était la première fois qu'on tentait une adaptation de BD sur un super-héros avec un budget aussi considérable.
Déjà le générique en jette, les noms des acteurs et techniciens envahissent l'écran en grosses lettres stylisées tels des vaisseaux spatiaux sur le main title en forme de marche triomphale composé par John Williams. On sentait d'emblée qu'on allait nous emmener pour un fabuleux voyage au pays du "vous-allez-voir-ce-que-vous-allez-voir". Tout le début depuis l'explosion de la planète Krypton jusqu'à l'adoption par le couple Kent sur la Terre du petit Kal-El qui va devenir Clark Kent, est conforme aux premières pages du comics, le scénario évolue ensuite vers une variation destinée à mettre en valeur les pouvoirs de Superman.
Ce grand spectacle doit sa réussite à une combinaison de plusieurs éléments : d'abord les énormes moyens alloués par les frères Salkind à la production qui ont permis notamment des décors élaborés sur Krypton, et surtout des effets spéciaux très pointus et de grande qualité pour l'époque ; en effet, on savait que Superman volait grâce à des câbles, mais en 1978, il n'y avait pas de numérique, on ne pouvait pas les faire disparaître aussi facilement de l'image finalisée, c'était donc une vraie prouesse. On peut même dire que c'est l'instrument de la célébration conquérante du Hollywood de l'époque qui alignait d'énormes productions aux moyens technologiques énormes (la Guerre des étoiles, Rencontres du 3ème type), c'est un peu un modèle d'impérialisme de l'image et de la démesure qui enlève toute possibilité de distance et de recul. Il y a dans Superman une parfaite adéquation entre ce gigantisme technique, cette maîtrise absolue des Fx et trucages, et la suprématie politique économique des Etats-Unis.
L'autre atout de ce film, c'est bien sûr son casting de poids lourds avec des acteurs comme Marlon Brando (qui au passage rafle 10 millions de dollars pour une prestation certes intéressante, mais seulement de 15 mn), Gene Hackman dans le rôle d'un Lex Luthor subtil et prétentieux mais qui évite le cabotinage, Ned Beatty, Valérie Perrine, Susannah York ou encore Glenn Ford... et un nouveau venu, Christopher Reeves qui a la redoutable tâche de camper l'homme d'acier. Il s'en sort fort bien dans sa double composition du journaliste timoré et maladroit Clark Kent et du super-héros indestructible, et marquera durablement le rôle qu'il reprendra dans 3 suites.
C'est donc une féerie distrayante et sans prétention (ce qui est louable pour une superproduction de ce calibre) qui a bénéficié d'une bonne réalisation de Richard Donner et d'un scénario assez habile qui mélange action, suspense et humour, mais ça coince un peu dans certains compartiments.
En effet, le scénario, bien que correct, a subi de multiples réécritures, et ça se ressent dans la construction dramatique mal dosée ; après l'explosion de Krypton et l'adoption du petit Kal-El, la jeunesse du futur héros dans la ferme paternelle du Middle West, est beaucoup trop étirée, l'action tarde trop, l'ennui s'installe, il faut attendre l'arrivée de Clark Kent adulte au journal de Metropolis pour que le rythme reprenne un peu, puis surviennent des scènes efficaces qui redonnent un peu de vie, comme le survol romantique de Metropolis de Superman et de Loïs Lane, ou le sauvetage de l'hélico sur le toit de l'immeuble... La faiblesse de la fin est aussi un défaut de ce film qui reste malgré tout ça, un bon spectacle qui garde un côté grandiose et qui a permis au mythe du super-héros de devenir réalité, d'où son aspect culte, tout en nous permettant de retrouver nos rêves d'enfant. Et puis c'est un film fondateur qui pose les bases d'un genre, et ça c'est pas rien !

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le 2 oct. 2018

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Ugly

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