« Sur la route » est apparu dans nos salles au mois de mai dernier durant le festival de Cannes. Son titre original est « On the road » issu du livre dont il est l’adaptation. En effet, c’est un ouvrage de Jack Kerouac datant des années cinquante qui a inspiré le scénario de ce film. Je ne l’ai pas lu et me garderai donc de toute analyse quant à la rigueur de l’adaptation. L’œuvre cinématographique qui m’intéresse aujourd’hui est relativement longue. Sa durée approche les deux heures et demie. Le réalisateur est brésilien et se nomme Walter Salles. Je n’avais jamais vu une de ses œuvres. Mais j’avais appris que son « Carnets de voyage » avait généré des critiques élogieuses. L’affiche du film nous présentait en son centre son principal argument publicitaire. En effet, la présence de Kristen Stewart offre une couverture médiatique minimale. Elle est ici accompagnée de Garrett Hedlund et Sam Riley. Ainsi réunis, ils forment le trio dont l’histoire nous conte leurs aventures.
Le synopsis proposé par le site Allocine (www.allocine.fr) est le suivant : « Au lendemain de la mort de son père, Sal Paradise, apprenti écrivain new-yorkais, rencontre Dean Moriarty, jeune ex-taulard au charme ravageur, marié à la très libre et très séduisante Marylou. Entre Sal et Dean, l’entente est immédiate et fusionnelle. Décidés à ne pas se laisser enfermer dans une vie trop étriquée, les deux amis rompent leurs attaches et prennent la route avec Marylou. Assoiffés de liberté, les trois jeunes gens partent à la rencontre du monde, des autres et d’eux-mêmes. »
Le titre l’indique, les premières minutes de la narration également : « Sur la route » est un road trip. Il faut donc accepter le genre pour espérer profiter de l’histoire. Ce type de film possède des codes avec ses qualités et ses défauts. Il faut en avoir conscience en s’installant dans son siège. Personnellement, je n’ai pas d’idées tranchées sur tout cela. J’étais donc assez ouvert à la découverte en partant à la rencontre de Sal, Dean et Marylou. La construction du scénario rappelle en permanence son origine littéraire. Les événements nous sont contés par la plume de Sal Paradise. Cela offre un côté bavard à certains moments qui pourra lasser un petit peu sur la durée.
Le fil conducteur est des plus simples. On suit trois jeunes personnes partis à l’aventure sur les routes américaines avec pour seule ambition un sentiment de liberté. L’élément central est le personnage de Dean qui brûle la vie par les deux bouts. Il apparait ingérable et immature au spectateur pendant qu’il est fascinant aux yeux de son entourage. Malgré ses excès, tout le monde est prêt à le suivre au gré de ses pulsions jusqu’au bout du monde. Il génère une grande variété de sentiment chez le spectateur. A certains moments, on peut envier son attitude « carpe diem » poussée à l’extrême. A d’autres, son égoïsme et son irresponsabilité irritent.
Dean est donc incontestablement la personnalité la plus riche de l’histoire. Ces deux acolytes sont, de mon point de vue, bien moins intéressant. Le narrateur, Sal, se contente finalement de courir derrière son mentor. Il n’existe que dans son ombre et perd tout attrait quand leurs routes se séparent. Le ton employé par Paradise pour conter leur périple est trop littéraire pour prendre le spectateur aux tripes. Ce qu’on gagne en philosophie, on le perd en sentiment. De son côté, Marylou représente le désir. La performance de Kristen Stewart dans le domaine est correcte. Mais la profondeur du personnage est finalement trop peu faible pour que son aura sensuelle envahisse réellement l’écran. C’est dommage. Les personnages secondaires occupent vraiment une place anecdotique dans le film malgré leur présence fréquente dans l’histoire. La narration est finalement diluée et parfois répétitive. On a le sentiment que le film dure. Je pense qu’en le raccourcissant d’une bonne demi-heure, on aurait gagné en densité et en rythme sans pour autant perdre en information.
En conclusion, « Sur la route » ne m’a pas totalement conquis. La qualité des acteurs est certaine. La réalisation donne une vraie profondeur aux décors qui déroulent tout au long de ce road trip. Mais la faiblesse des personnages et des rapports entre eux fait qu’on se lasse rapidement du devenir de chacun. Les protagonistes évoluent finalement assez peu et aucun de déclenche une empathie à son encoure sur la durée. Je ne regrette pas d’être allé le voir parce qu’il diffère de la majorité des films que j’ai vu cette année mais je ne peux pas dire pour autant que je garde un souvenir ému et mémorable…