Fantasmée depuis belle lurette par la planète entière, l'adaptation du classique de Jack Kerouac voit enfin le jour sous l'impulsion de Francis Ford Coppola (qui devait le mettre en scène il y a quelques années), confiant la réalisation à Walter Salles. Fraîchement accueilli à Cannes, le film de Salles ne retrouve qu'épisodiquement la fureur jazzy, le sentiment d'immédiateté, de folle course vers la liberté qui émanait du bouquin de Kerouac. Certes visuellement abouti, "Sur la route" paraît effectivement trop appliqué, trop carré, trop soigné pour vraiment convaincre, pour toucher notre coeur qui ne demandait qu'à battre à l'unisson des folles aventures du duo mythique Paradise / Moriarty. Il manque clairement la petite étincelle pour embraser le tout, pour rendre incandescent ce trip générationnel au coeur de l'Amérique d'après-guerre. "Sur la route" n'est pas un mauvais film pour autant, se suivant avec un certain plaisir et offrant tout de même quelques beaux moments (en général quand Salles se lâche un peu, dès que la musique prend le pouvoir en fait), dont on retiendra surtout de belles images et un casting excellent, porté par le charisme animal de Garret Hedlund, parfaite incarnation de notre désir d'ailleurs enfoui en chacun de nous.