Faire un remake de Suspiria une des œuvre cultes de Dario Argento (pas ma préférée ceci dit) avait tout du projet casse gueule et je dirais même inutile. Avant de voir si cette version est un bon film, on peut déjà dire que c’est un excellent remake. Il ne se contente pas de singer ce que faisait très bien Argento il y a 40 ans mais reprend juste sa trame pour en donner une autre version. On aime ou on aime pas mais au moins il y a une vision. Cette nouvelle version transposée dans le Berlin du mur propose une lecture plus réfléchie, plus alambiquée mais aussi plus terne de cette histoire de sorcière. Il parle de jeunesse sacrifiée, de la culpabilité allemande au sortir de la guerre, de deuil, de lutte de pouvoir, d’emprise et j’en passe tant il est dense. Mais il est dans le même temps moins prenant, moins piégeux que son aîné et du coup forcément moins effrayant (à vrai dire il ne l’est pas du tout selon moi). Plus froid, gris, presque professoral, il parait du coup mieux maîtrisé dans tout ces aspects, c’est un film ou tout semble cadré, pesé mais où on peut juger qu’il manque la spontanéité. Mieux joué que son aîné (ça me semble indiscutable) ce Suspiria m’a peut être plus intéressé mais ne m’a jamais fasciné comme le faisait par moment son modèle.