1992 - La Yougoslavie s'est peu à peu disloquée. La Croatie et la Slovénie ont été reconnues par l'ONU. Le monde entier attend le tour de la Bosnie, composée d'un peuple qui se partage à parts presque égales entre musulmans de langue serbo-croate, Croates catholiques et Serbes orthodoxes.
Avril 1992- Début du siège de Sarajevo : Alors que l'ONU vient de reconnaître l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, une poignée de Serbes nationalistes refusent cette redéfinition des frontières et décident de tout mettre en oeuvre pour récupérer Sarajevo dans l'escarcelle serbe.
Novembre 1992, voici 7 mois que Paul Marchand, jeune reporter français de guerre, couvre ce conflit fratricide. Profondément révolté par l'immobilisme de la scène diplomatique mondiale et l'indifférence des populations occidentales à l'égard de cette catastrophe humanitaire, le journaliste repousse jour après jour les limites de la prudence pour donner à voir la réalité du conflit et les atrocités de ce siège mortifère. Alors que 400 000 habitants sont pris en otage par les troupes serbes et que les tirs de sniper et bombardements sont quotidiens, ce messager de la mort se sent de plus en plus exaspérer par cette tragique situation. Le coeur en ruines, la tête en miettes, Paul Marchand s'engage dans des voies de plus en plus troubles et dangereuses.
Biopic passionnant, Sympathie pour le diable, nous fait découvrir sur une brève période de sa vie l'arrogant Paul Marchand, ce correspondant de guerre charismatique et engagé qui n'aura de cesse de fasciner et agacer ses collègues. Personnage haut en couleur, accroc aux cigares cubains et à l'adrénaline du danger, idéaliste désabusé, représentant de l'intelligentia dans tous ses travers, Paul Marchand défend sa vision du journalisme avec ferveur et passion tout en perdant peu à peu son équilibre mental face à l'expérience de cette horreur quotidienne. Sans concession, Niels Schneider nous livre une prestation bouleversante d'un homme torturé dans toute sa complexité.
C'est avec grand intérêt que l'on suit le quotidien, qui n'a rien de banal, de cet intrépide combattant face au silence. Entre ballades à la Fast and Furious pour se rendre ou s'extirper des lieux des conflits, passages de frontières périlleux et baises sauvages en boîte de nuit, le film nous fait traverser les genres. SPOILER : On retiendra notamment une scène d'anthologie lorsque Paul, pourtant habituellement si téméraire, n'a pas la force d'annoncer à une mère la mort de son petit Adi, 3 ans et demi et préfère défier la mort en amenant les parents et le corps sans vie du jeune enfant à l'hôpital.
Tête brûlée au destin extraordinaire, être d'exception, Sympathie pour le diable livre un hommage flamboyant à feu Paul Marchand, ce journaliste passionné et énigmatique qui finira par donner fin à ses jours en 2009 alors qu'il n'est âgé que de 47 ans.