Tachigui: The Amazing Lives of the Fast Food Grifters par batman1985

C'est probablement l'oeuvre la plus bizarre que Mamoru Oshii nous ait offerte, étant quelque part en rupture avec tout ce qu'il a déjà pu faire, essentiellement sur la forme.
Premièrement, il y a l'utilisation de cette technique totalement nouvelle qui est le superlive motion. Procédé visant à mettre du mouvement à des clichés photographiques. L'oeuvre oscille aussi entre une espèce de 2D et de 3D. Le résultat est tout à fait étonnant et n'a jamais été vu auparavant au cinéma. On peut peut-être le comparer, dans le procédé, à La jetée de Chris Marker. Mais on est très clairement à mi-chemin entre cette oeuvre et un cinéma plus traditionnel.
Même si le rendu est intéressant, Oshii a bien compris que le film ne pouvait pas fonctionner entièrement avec cela. Au risque peut-être de perdre son spectateur... Il choisit alors d'utiliser un narrateur que l'on va entendre d'une manière permanente ou presque. Ce que ce personnage, qui fait partie intégrante de l'histoire, raconte, sera appuyé par les images. Ici, ces dernières appuient bien le discours. Et bien plus que le choix de n'user que par les images, le flux de paroles risque bien de lasser les téléspectateurs. Bon, heureusement, j'ai pu accrocher même si je ne suis pas toujours un grand adepte du cinéma bavard (suffit de voir Godard pour s'en convaincre). Mais faut quand même avouer que c'est un peu too much et que le film rate très clairement un statut plus convaincant que celui qu'il va avoir. Car sur le fond, Tachiguishi Retsuden est très riche.
si on reste à la surface de l'histoire, on constate, de manière assez drôle, que l'oeuvre d'Oshii prône la culture culinaire japonaise qui est réduite à néant par l'arrivée des fast-food et autres choses de ce genre. Critique acerbe de la restauration rapide, Oshii semble regretter le temps des plats préparés avec soin, de ces moments où la nourriture traditionnelle était encore cuisinée par tout le monde. Mais c'est à travers cette restauration que le lien avec notre société de consommation est faite. De simples petites échoppes préparant des plats aux chaînes de restaurant soixante ans plus tard, Oshii en profite pour parler de l'histoire de son pays.
C'est également une critique virulente de la société japonaise. Mamoru Oshii vient à parler des marginaux, des gens qui décident de refuser de vivre le modèle nippon. Et pour ceux qui ne le savent pas, la société a une importance capitale pour les japonais. Si on vit en marge de celle-ci, on s'exclut et on est condamné à finir chômeur, clochard ou que sais-je encore. Bref, c'est un fond très riche offert par le metteur en scène de Avalon.
Mais il est clair que son Tachiguishi Retsuden ne trouvera pas que des adhérents. Ceux-ci réfuteront les choix techniques ou alors la narration ultra-présente. L'expérience mérite toutefois d'être vécue, et certains apprécieront totalement.

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le 6 mai 2011

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